Véhicules propres: Bruxelles met le paquet sur l’électrique
Le 24 janvier 2013 par Valéry Laramée de Tannenberg
Il est décidément difficile de réduire l’empreinte carbone des voitures. L’Europe oblige, certes, les constructeurs à réduire petit à petit les émissions de leurs véhicules neufs. Mais trop peu est fait, estime la Commission, en faveur des carburants «propres». C’est ainsi que le jargon communautaire désigne l’électricité, l’hydrogène, les agrocarburants, le gaz naturel (liquéfié, GNL, ou comprimé, GNC) et le gaz de pétrole liquéfié (GPL).
Ce qui explique la communication publiée, ce 24 janvier, par Siim Kallas, le commissaire en charge des transports. Ne pouvant intervenir ni sur l’offre, ni sur la demande, l’ex-premier ministre estonien a choisi de faire sauter le troisième verrou: l’approvisionnement des véhicules «propres». Pour ce faire, l’ancien membre du soviet suprême soviétique préconise d’imposer aux 27 des objectifs contraignants de stations «pour les carburants de substitution». Ce qui ne sera pas du luxe.
Si l’on regarde le seul exemple des voitures électriques, on est très loin du compte. La Commission espère voir rouler plus de 9 millions de véhicules rechargeables d’ici à 2020, qui se brancheront sur 795.000 prises publiques. Selon les derniers recensements effectués (en 2011), les 27 ont mis en service 11.800 bornes de recharge (dont 1.937 en Allemagne). Il faut donc multiplier par 67 le parc existant en moins de 7 ans. Audacieux!
Pour accélérer le déploiement de ces bornes publiques, la Commission entend fixer des quotas contraignants pour chaque pays (97.000 pour l’Hexagone) et l’obligation de n’utiliser qu’un seul type de prise, le T2. Pas de chance, la France est l’un des rares pays de l’UE à avoir opté pour le système concurrent, le T3.
Au total, la Commission estime à 10 milliards d’euros le montant de la facture. Ce qui semble un peu optimiste. En France, le devis établi par le gouvernement pour recharger 2 millions de véhicules dépasse déjà les 4 Md€, dont 750 M€ à la charge du distributeur, ERDF [JDLE].
Pour les autres carburants, les objectifs ne sont pas tous aussi contraignants. Rien, par exemple, pour les stations à hydrogène, à GPL, ni pour les agrocarburants. La Commission propose, en revanche, que d'ici à 2020, des stations de ravitaillement en GNL soient installées tous les 400 kilomètres le long des routes du réseau central transeuropéen de transport. Même chose pour le GPL, mais avec des intervalles de 150 km seulement entre chaque station.
Pour mémoire, l’UE s’est fixé comme objectif d’abattre de 60% les émissions de gaz à effet de serre du transport entre 1990 et 2050.
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