Une campagne pour une agriculture moins carnivore
Le 27 juin 2013 par Marine Jobert
©Agir pour l'environnement
C’est une «méta-campagne», englobant à peu près toutes les problématiques qui agitent les sphères écologistes, que viennent de lancer une vingtaine d’associations environnementales[1]. Mot d’ordre: «Elevage industriel: tous victimes!» Cibles: les ministères de l’agriculture et de l’écologie et le Syndicat national de la restauration collective. Les revendications: le soutien à un modèle d’agriculture durable et extensif, en encourageant une alimentation de qualité, souvent végétarienne. Car toutes ces problématiques sont étroitement dépendantes les unes des autres, plaident les initiateurs de cette campagne qui devrait durer jusqu’à la fin 2013.
Les récents scandales alimentaires autour des «lasagnes au cheval» ont rappelé à quel point les animaux sont considérés «comme des ‘sous-produits’», rappellent les associations. «Les conditions d’élevage sont telles que la maltraitance animale est une norme non écrite.» Et de passer en revue les becs des poulets amputés, la queue et les dents des cochons coupées et les problèmes cardiovasculaires, respiratoires et de locomotion qu’engendrent des conditions d’élevage incompatibles avec un développement normal des animaux. La consommation de viande a considérablement augmenté en deux décennies. «Les protéines animales, parées de toutes les vertus, sont désormais incontournables (…) Mais les faits sont têtus: manger trop de viande est mauvais pour la santé», écrivent les associations, argumentaire sourcé à l’appui.
Qualité des eaux, accaparement des terres, impacts climatiques… les associations tirent les fils entre tous ces phénomènes, dénonçant au passage les tentatives du gouvernement de Jean-Marc Ayrault de concilier réduction des taux de nitrates dans les eaux, lutte contre les algues vertes et assouplissement par décret des normes d’épandage des effluents d’élevage. Sans compter le projet d’autoriser la procédure d’enregistrement pour les élevages produisant jusqu'à 5.000 porcs par an [JDLE]. Les associations consacrent également un chapitre aux agriculteurs eux-mêmes, dont les conditions de vie «sont les mêmes que celles des animaux: enfermement dans les bâtiments, air vicié par les poussières et par les gaz, stress, maladies (…) Les abattoirs sont des lieux de travail oppressants, les conditions sont difficiles à supporter, la rotation des employés y est impressionnante, signe de mal-être important. Alcool, dépressions, accidents sont monnaie courante dans les abattoirs et les élevages».
Et comme le changement, estiment les associations, passe «de la fourche à la fourchette», elles interpellent le Syndicat national de la restauration collective pour qu’il encourage les alternatives, voire les menus végétariens, et que les produits d’origine animale soient commandés chez des fournisseurs «plus respectueux du bien-être animal, de l’environnement, du travail des agriculteurs et des consommateurs».
[1] Association végétarienne de France, L214, Miramap, Jeudi Veggie, Nature et Progrès, Réseau Cohérence, MABD, Arc2020, Bio Cohérence, Bio consom’acteurs, Colibris, Fédération nationale d’agriculture biologique (Fnab), Eaux et rivières de Bretagne, Novissen, BDE, Sauvegarde du Trégor, Sous le vent les pieds sur terre, AE2D, SEVE, S-Eau-S, Aives, Bien vivre au coeur des trois rivières, L’Eau et la terre, Agir pour l’environnement.
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