Un taux d’arsenic alarmant dans les eaux souterraines du Pakistan
Le 24 août 2017 par Stéphanie Senet

Les nappes phréatiques du Pakistan contiennent une forte concentration d’arsenic, dangereuse au plan sanitaire, selon une étude publiée le 23 août dans la revue Science Advances
La santé de 50 à 60 millions de personnes est menacée, selon les chercheurs de l’Institut fédéral suisse des sciences aquatiques (Eawag), qui ont analysé 1.200 échantillons d’eau souterraine alimentant les réseaux d’eau potable. Présent de façon naturelle, l’arsenic affiche quasiment partout des taux supérieurs au seuil de 10 microgrammes par litre (?g/l) recommandé par l’Organisation mondiale de la santé[1] (OMS) pour l’eau potable.
Des conditions géologiques défavorables
Au sud du pays, les concentrations dépassent même 200 ?g/l, avec un record de 500 ?g/l. En cause: les conditions géologiques et hydrologiques du pays ne favorisent pas la dissolution de l’arsenic naturellement présent, contrairement aux deltas du Gange (Bangladesh) ou du fleuve Rouge (Vietnam) grâce à la présence d’alluvions à forte teneur en matières organiques.
S’il existe des couches épaisses de sédiments le long du fleuve Indus, au Pakistan, les conditions pour une dissolution de l’arsenic ne sont pas réunies, selon les scientifiques.
Une irrigation à haut risque?
Cette étude montre par ailleurs une grande convergence entre la teneur en arsenic et le pH élevé des sols. Joel Podgorski émet l’hypothèse que l’infiltration des eaux d’irrigation dans des sols alcalins favorise la libération de l’arsenic dans la nappe phréatique.
Prochaines étapes, le chercheur préconise d’analyser l’eau des puits dans les zones à risque identifiées par ces travaux et de préciser le lien entre les forts taux d’arsenic, les taux de pH élevés et l’irrigation intensive.
Des sels extrêmement toxiques
A l’échelle mondiale, 150 millions de personnes sont tributaires d’eaux souterraines qui contiennent trop d’arsenic, selon l’OMS. Si les sels d’arsenic n’affectent ni l’odeur ni le goût de l’eau, ils sont extrêmement toxiques pour l’homme. Même à faibles doses, leur ingestion prolongée peut provoquer des anomalies de pigmentation de la peau, des troubles hépatiques, rénaux et cardiovasculaires ainsi que différentes formes de cancer.
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