Un nanomatériau pour dégrader les perturbateurs endocriniens
Le 06 novembre 2014 par Romain Loury
Des chercheurs indiens ont mis au point une technique, basée sur les nanotechnologies, qui permet de dégrader les perturbateurs endocriniens dans l’eau. Selon leurs expériences, elle semble d’ores et déjà efficace pour dégrader le phénol, le bisphénol A et l’atrazine.
Sommes-nous voués à subir une pollution croissante par les perturbateurs endocriniens, qui ne cessent de s’accumuler dans l’environnement? Pas forcément: des recherches sont actuellement en cours afin d’éliminer ces substances, notamment dans le traitement de l’eau.
Ces diverses tentatives portent surtout sur les rayons ultraviolets, dont l’énergie élevée détruit ces molécules. L’efficacité est pour l’instant assez faible: primo, la lumière visible ne contient qu’une quantité insuffisante d’UV; secundo, les perturbateurs endocriniens sont à des concentrations trop faibles pour qu’une réaction chimique parvienne à les éliminer.
Du graphène avec des nanoparticules d’argent
Nikhil Jana et Susanta Kumar Bhunia, chercheurs à l’Indian Association for the Cultivation of Science à Calcutta, viennent en partie de lever ces deux écueils. Pour cela, ils ont recouru à la nanotechnologie, mettant au point un matériau bipartite: d’une part, un support plan de graphène qui adsorbe les polluants -en raison de son caractère hydrophobe. D’autre part, des nanoparticules d’argent fixées sur ce support, qui jouent le rôle d’antennes vis-à-vis de la lumière.
Sous l’action de la lumière, UV ou visible, les particules d’argent sont excitées, et émettent des électrons qui vont générer des radicaux libres. Ceux-ci dégradent alors les perturbateurs endocriniens concentrés sur le graphène sous-jacent.
-80% de phénol
Si l’efficacité est meilleure en utilisant des UV, dont la haute énergie surexcite les atomes d’argent, la lumière visible obtient aussi des résultats très prometteurs, bien qu’à améliorer. En huit heures, les chercheurs sont parvenus à dégrader environ 80% du phénol, 50% du bisphénol A et 30% de l’atrazine, selon leurs résultats publiés dans la revue Applied Materials and Interfaces.
Selon eux, ce matériau, assez simple d’un point de vue chimique, pourrait facilement être utilisé à grande échelle. Autre avantage, il est d’une grande stabilité, gardant son efficacité sur plusieurs cycles d’utilisation.
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