Tuberculose bovine: les blaireaux britanniques ne sont pas tirés d’affaire
Le 27 juillet 2020 par Romain Loury
Londres a donné son feu vert à des tests de vaccination du bétail contre la tuberculose bovine, s’engageant en outre à réduire les abattages de mustélidés au cours des prochaines années. Une annonce qui laisse sceptiques les associations de défense des animaux.
Depuis la fin des années 1990, le Royaume-Uni, en particulier l’ouest de l’Angleterre et le pays de Galles, est touché par une flambée de cas de tuberculose bovine dans les élevages, pour lesquels il constitue un véritable fléau économique.
Pour retrouver son statut indemne de la maladie, le Royaume-Uni a opté pour la matière forte: l’abattage massif de blaireaux, principal réservoir sauvage de la maladie, dans les zones où la maladie sévit fortement. Ce qui provoque la colère des associations, qui rappellent que la majorité des cas provient de transmissions entre bovins, entre troupeaux voisins ou lors de déplacements.
Aiguillé par un rapport du zoologue Charles Godfray, publié en novembre 2018 et qui soulignait l’intérêt «modeste mais réel» de l’abattage de blaireaux, le gouvernement s’est engagé, en mars, à s’acheminer vers la vaccination des bovins, ainsi qu’à réduire rapidement la pression d’abattage du blaireau, là aussi par le biais de la vaccination.
Le blaireau, une vaccination aux contours flous
Mercredi 22 juillet, le gouvernement a ainsi donné son feu vert à des tests de vaccination sur les troupeaux en Angleterre et au Pays de Galles. Dans sa réponse au rapport Godfray, le Defra[i] s’engage à encourager la vaccination et la surveillance sanitaire des blaireaux, l’abattage ne demeurant «une option que là où l’évaluation épidémiologique indique qu’il est nécessaire».
Pour le Badger Trust, le message est trompeur. Au lieu d’être restreint au sud-ouest du Royaume-Uni, l’abattage pourrait être étendu à l’ensemble du territoire britannique, sous couvert de prévention sanitaire dans les zones à faible risque de tuberculose, craint l’association. Ce qui, selon elle, pourrait conduire à dépasser le seuil de 200.000 blaireaux abattus depuis le début de l’opération en 2013.
Une maladie en décrue
Pour la campagne 2019-2020, le Defra a autorisé l’abattage d’un maximum de 63.000 blaireaux, y compris dans des zones jugées à faible risque ou situées à la périphérie de zones à risque élevé. Dans un courrier adressé fin juin à George Eustice, secrétaire d’Etat à l’environnement, Badger Trust demande la fin immédiate de ces permis en zone à risque faible, y voyant une menace pour les programmes de vaccination des blaireaux.
Résultat de l’abattage des blaireaux selon le Defra, la tendance est à la décrue dans les élevages bovins: fin avril 2020, le nombre d’élevages anglais touchés par au moins un cas de tuberculose bovine était en baisse de 13% par rapport à 2019, et le nombre de bovins abattus avait diminué de 10%, selon un bilan du département d’Etat.
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