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Entreprises et santé : les risques de la catastrophe de Lubrizol, usine Seveso de Rouen

Deux images viennent immédiatement à l’esprit à la suite à l’incendie de Lubrizol : Tchernobyl parce que c’est un nuage et la marée noire de l’Erika par la couleur. Le potentiel émotionnel d’une telle situation est considérable. Il n’est donc pas étonnant que dans cette situation hors norme et propice aux rumeurs, la communication des autorités ait été difficile. Mais passé ce moment paroxystique, la question principale qui va hanter les esprits est celle des risques sanitaires à moyen et long terme. La demande de connaître toutes les substances auxquelles la population a été exposée est vaine. Il y en a des centaines, voire des milliers sans compter les mélanges complexes. Il est évident que parmi elles, il y a des hydrocarbures aromatiques polycycliques toxiques, notamment cancérigènes et d’autres composés organiques plus ou moins volatils. Comment traiter ces risques ?

Le précédent de l’Erika

Cette situation est analogue à celle qui s’est produite après la marée noire de l’Erika en 2000. La toxicité aiguë a pu être rapidement écartée, mais les risques cancérigènes ont fait l’objet d’une vive polémique. Les autorités sanitaires et environnementales ont alors commandé aux agences de sécurité sanitaire une évaluation quantitative des risques sanitaires (EQRS) qui a fait l’objet d’un rapport. Une EQRS est une méthode aujourd’hui bien codifiée qui mobilise toutes les données disponibles pour les modéliser et fournir aux décideurs et à la population un ordre de grandeur des excès de risques attendus selon différents scénarios d’exposition. C’est une démarche de ce type qui est préconisée pour le volet sanitaire des études d’impact. Dans le cas de l’Erika, les risques estimés étaient très faibles, la polémique a cessé et 95 % des plages ont pu être ouvertes à l’été 2000.

Que faire dans la situation présente ?

Dans une situation de controverse et de défiance, une démarche de quantification des risques est utile pour permettre une gestion plus rationnelle et moins émotionnelle de la situation. Dès lors que l’on connaît les grandes familles de polluants concernés, il est possible de repérer les valeurs toxicologiques de référence qui s’appliquent à elles. La question est alors d’estimer le niveau des expositions de la population. Des analyses environnementales sont indispensables, mais comme on ne peut pas mesurer tout partout, elles doivent être guidées par un schéma des voies d’exposition possibles. A Rouen, il est vraisemblable que les deux grands vecteurs à prendre en compte seront surtout les sols, les suies dans les logements et possiblement certains produits alimentaires. La difficulté sera liée à l’étendue géographique concernée, mais il en était de même au moment de l’Erika et la stratégie d’échantillonnage doit être conçue en conséquence.

La clé : réduire l’incertitude

La démarche d’évaluation des risques n’a pas la prétention de dire la vérité précisément. Elle fournit des ordres de grandeur en fonction des scénarios envisagés. Dans mon expérience, dès lors que des données quantitatives sont injectées dans des controverses de sécurité sanitaire, leur gestion est considérablement facilitée. Car, ce qui fait peur, c’est avant tout l’incertitude. Dès qu’on réduit l’incertitude, on réduit l’inquiétude et on peut dialoguer plus sereinement avec les parties prenantes. Débattre autour de données est plus satisfaisant que débattre autour d’opinions. Il serait sûrement utile qu’une telle approche soit systématisée autour des grands sites industriels. Et les développements de cette catastrophe méritent d’être suivis de près. Nous aurons sûrement à y revenir.   Vous pouvez échanger et poser vos questions à William Dab et aux équipes Red-on-line dans les commentaires ou sur les réseaux sociaux LinkedIn et Twitter : @HSE_Rol et @DabWilliam. William Dab Professeur titulaire de la chaire d’Hygiène et Sécurité du Cnam où il forme des spécialistes des risques sanitaires du travail et de l’environnement, notamment par une filière d’ingénieur en gestion des risques, William Dab est médecin et docteur en épidémiologie. Sa carrière a été entièrement consacrée à la sécurité sanitaire qu’il s’agisse d’outils d’évaluation, de surveillance et de gestion des risques. Ancien directeur général de la santé, il a été membre du comité exécutif de l’OMS et président du comité européen environnement et santé pour la région Europe de l’OMS. Il a notamment publié « Santé et environnement » dans la collection Que sais-je ? (PUF) et « La Santé et le Travail » chez Arnaud Franel.  

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