Syrie: la pollution de guerre tue aussi
Le 09 novembre 2015 par Romain Loury
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Déjà coûteuse en vies humaines, la guerre en Syrie pourrait avoir de lourdes conséquences sur la santé environnementale, bien après le conflit, selon un rapport publié par l’association néerlandaise PAX.
Depuis 2011, la guerre en Syrie, pays qui comptait 21,5 millions d’habitants cette année-là, pourrait avoir dépassé les 300.000 morts -dont 90% de civils-, déplacé 6 millions de personnes au sein du pays, tandis que 3 millions l’ont fui. Dans l’ombre de ce chaos, une catastrophe moins visible serait en train de se préparer, touchant à la santé liée à l’environnement.
Le phénomène n’est pas nouveau: 50 ans après la guerre du Vietnam, la population y subit encore les retombées de l’agent orange, tandis qu’au Koweït et en Irak, les puits de pétrole en feu, lors du conflit de 1990-91, ont probablement fait de lourds dégâts sur la santé publique. Pour la Syrie, les dommages pourraient être pires, tant la destruction est générale.
S’il est difficile de prévoir combien de Syriens mourront de la pollution, ou en sont déjà morts, PAX estime que le bilan pourrait être lourd. Et les causes multiples: destruction des raffineries, usines détruites, PCB libérés par les centrales électriques, accumulation de déchets et risque élevé de maladies liées à l’eau -dont le traitement est quasi-inexistant.
Les munitions, une présence à long terme
Et bien sûr, les munitions devraient durablement contaminer l’environnement, que ce soit par des métaux lourds (plomb, mercure, antimoine, etc.), des substances explosives (DNT, TNT, RDX, etc.) toxiques ou des perchlorates. Quant aux habitats, 30% d’entre eux auraient déjà été détruits sur l’ensemble du pays, relâchant dans l’environnement de la poussière de ciment, des déchets ménagers, de l’amiante et des déchets médicaux.
Selon Wim Zwijnenburg, chercheur chez PAX et co-auteur de ce rapport, ces destructions «peuvent entraîner une exposition directe aux polluants chez les civils habitant à proximité ou qui reviendront plus tard, ainsi qu’une contamination locale des sols et des nappes d’eau. La surveillance de ces sites et l’évaluation des impacts humanitaire et environnementale ne font pour l’instant pas partie des priorités».
Selon PAX, la communauté internationale doit se pencher sur la santé environnementale des populations en temps de guerre, et prévoir la mise en place d’une assistance spécifique une fois le conflit achevé. Une échéance dont la date, en ce qui concerne la Syrie, demeure bien incertaine.
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