Sur la plage, ne marchez pas sur les œufs!
Le 25 juillet 2016 par Marine Jobert
DR
Le gravelot à collier interrompu aime les habitats perturbés et frais. L’été arrivant, ses œufs, voire ses petits, sont régulièrement piétinés par les vacanciers et leurs chiens. L’association Bretagne Vivante met en garde.
Pas de chance pour les jeunes limicoles: c’est «quand ils sont tout neufs, qu’ils sortent de l’œuf» que débutent les transhumances estivales des bipèdes amateurs de plage. Or le juvénile possède un plumage cryptique et une forte tendance à se tapir au sol à l’approche du danger. Il est aisé de le confondre avec un galet dont il a la couleur et… de l’écraser! C’est ce que rappelle l’association Bretagne vivante, inquiète après les derniers comptages. Car l’espèce, qui figure sur la liste rouge des oiseaux menacés et à surveiller en France dans la catégorie nicheur ‘rare’, ne comptait plus que 207 couples en 2015 en Bretagne, avec un taux de natalité d’un 0,53 jeune à l’envol par couple. «N’oublions pas que la plage, bien avant d’être un lieu de loisir, est un milieu naturel qui abrite des espèces sauvages et protégées», rappelle l’association.
Grandes marées
L’heure est-elle grave pour le Gravelot à collier interrompu (Charadrius alexandrinus)? «C’est un oiseau capable d’accuser des échecs de reproduction, mais au-delà, il risque de ne pas être à même de renouveler son pool d’adultes», alerte Gaëtan Guyot, chargé d’études Oiseaux à Bretagne vivante. Un plan d’action a été lancé en 2011 en Bretagne, à l’instar d’autres régions de France, qui abriteraient un effectif oscillant entre 1.200 et 1.600 couples. Or cet oiseau spécialisé dans les hauts des plages, capable de nidifier aussi bien sur le sable que parmi des galets, rencontre les mêmes perturbations un peu partout. «La première cause d’échec de la reproduction, ce sont les grandes marées, explique Gaëtan Guyot. Puis viennent les prédations (corneilles, renards) et les perturbations causées par les hommes.» La divagation des chiens sur des plages qui leur sont souvent interdites est un vrai problème, tout comme les balades sur le haut des plages.
Changement climatique
Chaque printemps et chaque été, Bretagne vivante sillonne les plages pour protéger l’espèce et sensibiliser le grand public et dresse des enclos de protection autour des nids, qui limitent les risques. «Sur une plage fréquentée, il y a du piétinement», déplore Gaëtan Guyot, qui bague ces oiseaux dont les habitudes de migration connaissent des changements discrets, mais importants. «On n’en avait pas en France en hiver jusqu'à il y a une dizaine d’années: ils partaient tous sur le pourtour méditerranéen, voire en Afrique subsaharienne. L’an passé, 10 à 12 ont passé l’hiver sur place.»
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