Souvenir d’un bon docteur de campagne
Le 29 janvier 2021 par Frédéric Denhez

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Rien de tel qu’un médium spécialisé pour altérer les certitudes bipolaires par la nuance des ordres de grandeur, rappelle l’essayiste Frédéric Denhez.
Le Journal de l’environnement cesse et nous voilà fort dépourvus face aux vents de la répétition. De façon régulière, d’immenses penseurs de l’écologie, issus de clones brevetés, brassent l’air afin que souffle sur nous la pression joyeuse qui va nous pousser vers un futur convenable. Ces prévisibles font des dessins qu’ils montrent aux caméras. On y voit des arbres magnifiques pour lesquels ils nous demandent de nous battre car, disent-ils, la mine concernée, sans ces troncs bien solides, la vie sera impossible.
peut-on être contre la nature?
Et en ce moment, on ne sait pas ce qui passe, ils sont déchaînés. Nous voilà donc sommés de dire oui à des projets de référendums pour lesquels nous ne pourrons faire autrement que de voter oui. L’État est tenu d’accepter d’être un jour accusé de crime contre le climat, et d’intégrer dans sa loi un article qui l’obligerait à traîner devant les tribunaux d’abominables criminels contre la nature.
Avec tout cela, les choses iront mieux, car comment peut-on être contre la nature? La vie? Les arbres? Les animaux? N’être pas d’accord, ce serait comme avouer que l’on aime le cancer, les gaz de combat et la panse de brebis farcie. Cela nous enverrait dans le camp des méchants. Lequel est déjà bien établi par ces mêmes qui puisent au manichéisme pour dire leur réalité : la viande, l’agriculture en général, l’industrie, le nucléaire, la voiture, la pêche, les poulpes en aquarium, couper du bois sont des critères qui permettent de séparer les bienfaisants des pernicieux.
ramener honnêtement à la réalité des choses
Le Journal de l’Environnement était là pour nous ramener honnêtement à la réalité des choses. Pour montrer que ces grands arbres plantés pour capter l’attention masquaient mal la forêt du droit de l’environnement déjà bien suffisante, mais mal exploitée. Pour altérer les certitudes bipolaires par la nuance des ordres de grandeur et la vérification des chiffres. Pour planter le doigt dans des plaies fiscales invisibles qui permettent à Bercy de continuer à emmerder Roquelaure.
Le Journal de l’Environnement, tout militant qu’il est, c’était un bon docteur de campagne, lucide et discret, qui agit quand les mandarins font des phrases. J’en étais le patient attentif.
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