Sols et végétaux « évapotranspirent » moins
Le 22 octobre 2010 par Valéry Laramée de Tannenberg
Depuis 12 ans, l’évapotranspiration montre un net ralentissement au niveau mondial et cette tendance pourrait avoir un impact négatif sur les écosystèmes et les ressources en eau. C’est ce que montre une étude internationale, à laquelle ont participé des chercheurs du Laboratoire des sciences du Climat et de l’environnement (LSCE) et dont les résultats sont publiés dans l’édition du 21 octobre de Nature.
L’évapotranspiration - l'évaporation de l’eau à la surface des terres et la transpiration des plantes - est un élément fondamental du cycle de l’eau et du système climatique. La régulation de la quantité d’eau dans l’atmosphère et la dynamique du climat y sont étroitement liées. C’est également un facteur déterminant de la disponibilité en eau des sols.
Dans le cadre du réseau international Fluxnet, une estimation de l’évolution de l’évapotranspiration globale a été réalisée. Les scientifiques ont combiné des mesures sur une grande variété d’écosystèmes à partir des observations satellitaires et des modèles d’écosystèmes. Leurs résultats montrent que l'évapotranspiration a augmenté de façon régulière de 1982 (date des premières mesures par satellite) à 1997, d’environ 7,1 millimètres par décennie. « Lorsque la température augmente, l’atmosphère est capable de contenir une plus grande quantité de vapeur d’eau ; c’est ce qui explique l’augmentation de l’évapotranspiration au cours de cette période », commente Nicolas Viovy, chercheur au LSCE.
Mais depuis 1998, les chercheurs observent un net ralentissement de l’évapotranspiration, surtout en Afrique et en Australie. Ce phénomène semble consécutif à l’important événement El Niño de 1998. La température continuant à augmenter, cette baisse de l’évapotranspiration de près de 8 mm par an sur la décennie pourrait être due à une limitation de l’eau disponible dans les sols au cours des dix dernières années. Si, d’après les auteurs, il est trop tôt pour dire si ce changement de l'évapotranspiration est d’origine naturelle ou anthropique, cette tendance pourrait néanmoins avoir un impact important sur les écosystèmes vulnérables, sur les ressources en eau et sur l’interaction de ce phénomène avec le climat.
POUR ALLER PLUS LOIN
Dans la même rubrique
Le bilan carbone quotidien du JDLE
06/04/2017
Climat: l’OACI s’engage à ne pas se presser
07/10/2013
On pourrait manger plus de poissons, malgré le réchauffement
30/08/2018
Les coquillages de l’étang de Thau décimés par le réchauffement
31/08/2018
13% des océans sont restés à l’état sauvage
27/07/2018
Canicule européenne: l’exception devient la norme
27/07/2018