Sevrage tabagique: une prise de poids liée à la flore intestinale
Le 11 septembre 2013 par Romain Loury
Le fait de prendre quelques kilos après l’arrêt de la cigarette ne s’expliquerait pas par un appétit accru, mais par un changement de flore intestinale, selon une étude suisse publiée dans la revue PLoS ONE.
Lors d’un sevrage tabagique, 80% des personnes prennent du poids, en moyenne 7 à 8 kilogrammes. S’il y a de quoi en démotiver plus d’un, l’étude menée par l’équipe de Gerhard Rogler, de l’hôpital universitaire de Zurich, réjouira encore moins les candidats: ce phénomène ne serait pas lié à une hausse de l’appétit, mais à un rapide changement de flore intestinale, facteur encore moins contrôlable.
Les chercheurs ont étudié 10 personnes effectuant un sevrage tabagique, comparés à 5 fumeurs et 5 non-fumeurs. En 8 semaines, les 10 valeureux ont pris 2,2 kg, sans avoir modifié leur apport calorique. Une analyse de leurs selles en apporte l’explication: une raréfaction intestinale de bactéries du type Proteobacteria et Bacteroides, une montée en puissance des Firmicutes et des Actinobacteria.
Des bactéries obésogènes
Or plusieurs travaux l’ont montré: ces deux derniers types bactériens, plus efficaces pour extraire les calories présentes dans l’alimentation, sont plus souvent retrouvés chez les personnes obèses. Le changement est intervenu rapidement chez les 10 volontaires, dans les 4 semaines suivant l’arrêt du tabac, et était encore visible à 8 semaines.
En raison de la faible durée de l’étude, impossible de savoir si ce nouvel état n’est que transitoire, ou si la flore intestinale des personnes sevrées retrouve sa composition initiale, similaire à celle des non-fumeurs. Quant aux raisons pour lesquelles le tabac, en contact avec les muqueuses orales et intestinales, favorise certaines bactéries et pas d’autres, les chercheurs avouent ne pas les connaître.
«Ces altérations de la flore intestinale, qui accompagnent la prise de poids, confirment son rôle important dans la survenue de l’obésité et des maladies métaboliques. Il s’agit maintenant de confirmer ces résultats par des études à plus long terme, ainsi que de mieux comprendre l’effet des facteurs environnementaux sur la composition microbienne de l’intestin», concluent les auteurs.
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