Réchauffement: les lacs au bord de l’asphyxie
Le 21 décembre 2015 par Romain Loury

NASA
Les lacs se réchauffent bien plus rapidement que l’air et la mer, en moyenne de 1°C ces 30 dernières années, révèle une étude américaine publiée dans la revue Geophysical Research Letters. Et ce au risque d’intensifier les efflorescences algales, voire d’en accroître les émissions de méthane.
Egalement présentée à la conférence annuelle de l’American Geophysical Union (AGU), qui s’est achevée vendredi 18 décembre à San Francisco, cette étude est la plus large jamais menée sur l’impact du réchauffement sur les lacs. Menée par une soixantaine de chercheurs internationaux, elle a porté sur 235 lacs répartis sur les cinq continents, dont la température a été analysée pendant 25 ans par satellite ou in situ.
Entre 1985 et 2009, la surface de l’eau a grimpé en moyenne de 0,34°C par décennie, contre 0,25°C pour l’air et 0,12°C pour les océans sur la même période. Si le réchauffement est plus marqué pour les lacs nordiques couverts de glace une partie de l’année (+0,48°C par décennie), ce rythme dépend de bien d’autres facteurs. En particulier de l’évolution de la couverture nuageuse, de la quantité de lumière de faible longueur d’onde (tels que les ultraviolets) et de la température estivale.
+20% d’«algal blooms» d’ici 2100
S’appuyant sur d’autres travaux, les chercheurs estiment que ce réchauffement pourrait augurer d’une hausse de 20% des efflorescences algales («algal blooms») au cours du siècle, et de 5% pour celles ayant un effet toxique sur les espèces lacustres. Effet pervers, la production de méthane, puissant gaz à effet de serre, pourrait s’accroître de 4% au cours de la prochaine décennie, accélérant le réchauffement mondial.
Si les lacs du sud se réchauffent, dans l’ensemble, moins rapidement que ceux du nord, leur situation n’est pas moins inquiétante, avancent les chercheurs. Exemple, les grands lacs africains, dont le Victoria et le Tchad, qui contiennent un quart de la quantité d’eau douce au niveau mondial: d’emblée plus proches de la température maximale que les poissons peuvent supporter, même un faible réchauffement pourrait déjà les avoir conduits à leurs limites.
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