RE2020: des exigences de performances progressives
Le 24 novembre 2020 par Victor Miget

Le ministère de la Transition écologique a détaillé le 24 novembre, les exigences de performances énergétiques et les seuils d’émissions carbone auxquels seront soumis les bâtiments neufs par la future RE2020. Leur mise en œuvre se fera par palier.
On en sait plus sur les indicateurs carbone et de sobriété énergétique de la nouvelle réglementation environnementale RE2020 qui entrera en vigueur à l’été 2021.
Seuils différents selon les logements
«La meilleure énergie c’est celle que l’on ne consomme pas. Nous souhaitons donc que les bâtiments de demain consomment le moins d’énergie possible», a réaffirmé en préambule, la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili. Pour tendre vers cet objectif, la réglementation va muscler l’exigence sur le besoin climatique ou énergétique (Bbio), qui traduit le besoin passif d’un bâtiment lorsqu’il n’est pas chauffé. La RE2020 va abaisser le seuil maximal de besoin énergétique de 30% par rapport à la RT2012, pour tous les logements individuels et collectifs dès 2021.
«Néanmoins, les bâtiments auront toujours besoin d’énergie pour le chauffage, et l’éclairage», a ajouté Barbara Pompili. L’énergie utilisée devra cependant être la plus décarbonée possible. A l’heure actuelle, les trois quarts des logements neufs sont conçus pour être chauffés au gaz naturel, source d’énergie émettrice de gaz à effet de serre (Ges).
Mais voilà qui devrait changer puisque a été fixé pour la première fois, un seuil d’émission de carbone afin de réduire l’utilisation des énergies fossiles dans les bâtiments neufs. Si une maison chauffée au gaz émet en moyenne 5 tonnes de CO2 par an, une maison RE2020 devra en émettre 10 fois moins. Le seuil maximal d’émission est donc fixé à 4 kilos de CO2 par m2 et par an. «Pour les maisons individuelles, les solutions non fossiles comme les pompes à chaleurs et les chaudières biomasses sont déjà pleinement opérationnelles», a assuré la ministre.
Pour les logements collectifs, le seuil sera progressif car «si les solutions existent, elles doivent se mettre en place à plus large échelle», a poursuivi la ministre. Le 1er seuil sera fixé à 14kg/CO2/m2/an en 2021 et sera ramené à 6kg dès 2024. Seront privilégiés, les pompes à chaleurs, les chaudières biomasses ou les raccordements vers des réseaux de chaleur urbain.
Construction/démolition
La RE2020 va aussi prendre en compte l’impact carbone «non seulement sur les consommations d’énergie une fois qu’on y habite, ou qu’on y travaille, mais aussi lors des phases de construction et de démolition[1]», a développé la ministre chargée du logement Emmanuelle Wargon. Des obligations de résultat pour réduire les émissions vont être intégrées à la RE2020. Objectif : renforcer l’innovation dans les matériaux et les modes constructifs. Néanmoins, «2021 ne sera pas une étape de rupture, mais de stabilisation et d'optimisation de la méthode de l'analyse du cycle de vie ; cela est nécessaire pour caractériser l’impact carbone des équipements, des matériaux, à travers les fiches de données environnementales et sanitaires (FDES)». Sur la partie construction, la réglementation sera progressive. Les émissions de Ges devront baisser de 15% en 2024, de 25% en 2027 puis de 30% à 40% selon le type d'habitat d'ici à 2030, par rapport à la RT2012.
Manque d’ambition ? Le gouvernement s’en défend. Pour lui, c’est la faisabilité et la soutenabilité de la trajectoire qui compte. Cette cadence vise à offrir plus de visibilité et de temps à la filière pour s’adapter, innover et former. «Nous avons besoin de temps pour que les nouvelles filières forestières et de matériaux et les nouveaux modes constructifs montent en puissance et se structurent», a justifié Emmanuelle Wargon. A horizon 2030, le gouvernement espère que l’utilisation de matériaux biosourcés et la construction bois seront généralisés dans la construction neuve.
[1] 60 à 90% de l’impact carbone d’un bâtiment sont imputables aux phases de démolition et de construction.
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