RE 2020 : l'esquisse se précise
Le 27 octobre 2020 par Victor Miget

Alors que les derniers arbitrages sur la RE 2020 ont été rendus le 22 octobre, ses contours se précisent. Décryptage.
Prévue par la loi «Evolution du Logement, de l’Aménagement et du Numérique» (ELAN), la réglementation environnementale 2020 (RE2020) entre dans sa dernière ligne droite. Initiée en 2016, la concertation sur la norme qui remplacera la RT 2012, a pris fin jeudi dernier. Les premiers textes devraient être publiés au premier trimestre 2021.
Seuil carbone progressif
La réglementation, qui prendra en compte le poids carbone des bâtiments (cf encadré), intégrera un seuil carbone progressif. Le temps que le secteur du BTP s’adapte à la décarbonation des activités de construction, à la disponibilité des matériaux peu émetteurs de gaz à effet de serre et des énergies décarbonées pour la chaleur et le rafraichissement.
Quid des énergies fossiles ?
Afin de diminuer l’impact sur le climat des bâtiments neufs, la nouvelle réglementation fera la part belle aux équipements et matériaux bas carbone et favorisera le recours aux énergies décarbonées comme l’électricité, le bois ou encore les réseaux de chaleur alimentés par des énergies renouvelables. Concrètement, cela se traduira aussi par l’interdiction d’installer des chaudières au fuel dans les logements neufs dès le 1er janvier 2022.
Alors qu’avec la RT20212, plus de 70% des logements collectifs neufs étaient chauffé au gaz, la RE2020 a clairement pour objectif d’inverser la tendance, au profit de l’électricité. Le coefficient de conversion entre énergie primaire et énergie finale de l’électricité sera ramené à 2,3 contre 2,58 actuellement. Ce qui correspond à une valeur moyenne anticipée au cours des 50 prochaines années. De quoi prendre en compte l’évolution du mix électrique sur cette durée (de plus en plus d’électricité est produite à partir d’énergie renouvelable et de moins en moins à partir de charbon par exemple) et donc de bonifier l’électricité au détriment d’autres énergies.
seuil de réduction carbone
«Beaucoup d’acteurs ont poussé pour avoir une réglementation qui donne une trajectoire afin de développer une culture autour du carbone. Il y a toute une méthode de travail à imaginer, des outils à créer, pour que ce soit assimilable par tous. On ne pouvait donc avoir un seuil [de réduction carbone NDLR] trop ambitieux, notamment sur les matériaux, les industriels manquant encore de préparation», développe Rodrigue Leclech responsable pôle construction et associé chez Pouget consultants (bureau d’études thermiques et fluides). Une feuille de route sera établie avec un seuil carbone peu contraignant dans un premier temps.
ponts thermiques
Comme la RT2012, l’objectif de la RE2020 reste de réduire les consommations d’énergie. «Il faut appuyer sur les besoins énergétiques de nos bâtiments», insiste Rodrigue Leclech. Objectif: améliorer le coefficient Bbio (Besoin bioclimatique), un indicateur de la réglementation précédente, s’attardant sur l’isolation du bâti, qui a été conservé.
Afin de réduire la consommation des bâtiments neufs «il sera plus exigeant», note Rodrigue Leclech. «Cette exigence, s’attardera notamment sur l’enveloppe et la façade des bâtiments. Seront conservés des garde-fou concernant le traitement des ponts thermiques[1]».
Confort d’été et qualité de l’air
La RE202 c’est aussi la prise en compte du confort d’été, grand oublié de la RT2012. «Avec le réchauffement climatique, les étés seront de plus longs et plus chauds et les canicules auront des amplitudes plus importantes». Les bâtiments devront donc être résilients sur les 20 ou 30 prochaines années. «Nous calculerons cette performance en degré heure[2], avec une limite qui pourra être très exigeante dans les zones sud».
Au contraire de la RT2012, la RE2020 préfigurera des labels afin de distinguer certaines opérations. «Une réglementation est souvent accompagnée de labels, pour développer des solutions qui ne sont pas précisées du côté réglementaire». Ces ajustements permettraient, par exemple, de flécher l’argent public vers des bâtiments plus vertueux que le règlement. «Ce sera l’opportunité d’aller au-delà des seuls indicateurs de la RE, sur d’autres sujets comme la qualité de l’air, la biodiversité, l’acoustique… »
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