Qualité de l’air: des progrès anéantis par le réchauffement
Le 27 juillet 2017 par Romain Loury
Les efforts effectués pour réduire les teneurs atmosphériques en ozone, gaz nocif d’un point de vue sanitaire, pourraient être anéantis par le réchauffement climatique, révèle une étude française publiée mardi 25 juillet dans Nature Communications.
Les mesures européennes en matière de la qualité de l’air commencent à porter leurs fruits: la teneur en ozone s’est stabilisée ces dernières années et devrait, si ces efforts sont poursuivis, continuer à diminuer jusqu’en 2050. Toutefois, ces résultats devraient être fortement contrariés, voire totalement anéantis, par le réchauffement climatique.
Dans leur étude de modélisation, Audrey Fortems-Cheiney, du Laboratoire interuniversitaire des systèmes atmosphériques (Institut Pierre-Simon Laplace, IPSL[i], Créteil), et ses collègues ont comparé deux scénarios de réchauffement d’ici à 2050, avec des hausses moyennes de +2°C (un scénario RCP4.5, qui correspond à une légère atténuation des émissions de gaz à effet de serre) et de +3°C (un scénario RCP8.5, dit tendanciel) au niveau mondial.
A +3°C, un air plus nocif
Les résultats montrent que, malgré une forte baisse des émissions de précurseurs d’ozone (-67% pour les NOx, -41% pour les composés organiques volatiles non méthaniques et -49% pour le monoxyde de carbone), le scénario à +3°C aboutirait à des taux d’ozone plus élevés qu’actuellement (+3,5%), soit 34,41 parties par milliard (ppb) contre 33,28 ppb.
Sans diminution des précurseurs d’ozone, le taux pourrait s’envoler de 12% par rapport à 2005, en cas de scénario à +3°C. La totalité de l’Europe se trouverait au-delà du seuil fixé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), à savoir 25 jours par an au-dessus de 50 ppb. Le sud-est de l’Europe connaîtrait même 100 jours par an au-dessus de cette valeur.
Le scénario à +2°C fait évidemment mieux: en cas de diminution des précurseurs d’ozone, l’Europe baignerait dans un air contenant 31,99 ppb d’ozone en moyenne, contre 33,28 ppb en 2005 –soit une baisse de 3,9%. Mais si les niveaux de précurseurs demeuraient inchangés, le taux d’ozone à +2°C augmenterait de 10%.
En cause, la hausse du méthane
Comment expliquer une telle hausse de l’ozone, particulièrement marquée au sud-est du continent? Principalement par l’afflux de méthane, également un précurseur de l’ozone, en provenance d’autres pays, au premier rang desquels la Turquie. D’autant que le scénario RCP8.5 retenu repose sur l'hypothèse d'un doublement des émissions de méthane entre 2000 et 2100, contre une baisse de 10% dans le scénario RCP4.5.
«L’étude montre l’intérêt non seulement de poursuivre les réductions d'émissions de gaz polluants en Europe [les précurseurs de l’ozone, ndlr], mais aussi d’amplifier les politiques climatiques. Une réduction des émissions mondiales de méthane aurait, par exemple, des effets bénéfiques pour la lutte contre le réchauffement climatique et contre la pollution de l'air», commente le CEA dans un communiqué.
[i] Outre l’IPSL, ces travaux ont été menés sous l’égide du Centre national de la recherche scientifique (CNRS), de l’université Paris-Est Créteil, de l’université Paris Diderot, du Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) et de l’Institut national de l’environnement et des risques industriels (Ineris).
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