Plan de relance : les transports avancent dans le brouillard
Le 21 juillet 2020 par Victor Miget

Présidente de la commission transport du Parlement européen, Karima Delli regrette le manque d’ambition du plan de relance en matière de mobilité durable
Le plan de relance annoncé par le Conseil européen est-il suffisamment ambitieux en matière de transport ?
Tout d’abord, il faut le dire car c’est historique : il n’a fallu que 4 jours et 4 nuits pour parvenir à cet accord. Il y a quelques avancées notables, comme les 390 Mds€ de subventions accordés aux Etats les plus touchés. Cela étant dit, il y a beaucoup de déception. Le plan de relance est inférieur à ce que nous demandions au Parlement européen, soit 2.000 Mds€, dont 1.000 Mds€ de subventions. Sur les transports, pour le moment rien n’a été dit concrètement. Où est la taxe kérosène ? De plus il n’y a pas de conditionnalités écologiques. Donner de l’argent, c’est bien. Mais si c’est pour que les Etats l’utilise ensuite pour construire des autoroutes ou agrandir des aéroports, ce n’est pas raisonnable.
L’enveloppe de 28 Mds€ allouée au mécanisme d’interconnexion de l’Union européenne (MIE) est-elle suffisante selon vous ?
Ce mécanisme doit de toute façon avoir un budget conséquent, puisque les infrastructures de transports le demandent. Mais nous avons tout de même perdu 1 Md€ par rapport au MIE qui couvre la période 2014-2020. Je ne me l’explique pas.
Maintenant, un bras de fer va s’engager. J’appelle d’ores et déjà les Etats membres à ne pas déposer de projets transports qui soient contraires à l’Accord de Paris. Le MIE devrait, par exemple, porter un réseau express européen du train. C’est-à-dire de relier les capitales d’Europe via le rail. En parallèle, il faudrait relancer la question du fret ferroviaire.
Quelle est la prochaine étape pour espérer voir arriver les conditionnalités écologiques ?
Cela va être l’une des batailles du Parlement européen qui votera le plan jeudi. La balle est dans son camp. Ce que je défendrai, en tant que présidente de la Commission transport, c’est que l’argent aille dans la mobilité urbaine durable – donc la relance des transports publics, du vélo, mais aussi du fret ferroviaire, du train de nuit, etc. Puis nous devons travailler effectivement sur les conditionnalités des aides, que ce soit dans l’aviation, le secteur maritime et dans l’automobile.
Si le Conseil est incapable de fournir des ressources propres, je proposerai des textes législatifs et d’autres mécanismes. Par exemple, dès la rentrée de septembre, nous défendrons une redevance poids lourds. Le produit de cette taxe financerait la mobilité urbaine durable et le fret ferroviaire. Une partie servira à accompagner le secteur du routier qui doit s’adapter.
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