Pesticides: à la recherche du glyphosate dans l’air
Le 28 novembre 2017 par Marine Jobert

Une campagne exploratoire va être lancée pour déterminer si le glyphosate est également présent dans l’air que nous respirons. Pas certain, au vue des premiers résultats publiés par Air Paca.
Il y en a dans les sols, dans les corps, dans l’eau et dans les aliments… mais peut-on en détecter dans l’air que nous respirons? Au lendemain de sa réautorisation pour 5 ans –à une courte majorité d’Etats membres-, le glyphosate refait parler de lui à l’occasion de la signature d’une convention et d’un accord-cadre entre Atmo France et l’Anses[1]. Objectifs: encadrer la fourniture par les associations agréées de surveillance de la qualité de l'air (Aasqa) de leurs données de mesure des pesticides dans l’air et leur contribution à l’amélioration des connaissances sur les molécules concernées, mais aussi l’enregistrement de toutes concentrations inhabituelles. Des démarches qui font suite à la publication par l’Anses, fin octobre, d’une liste de 90 molécules pesticides dont la présence est avérée dans l’air des villes et des campagnes françaises et qu’elle préconise de suivre.
L’angle mort de la réglementation
Parmi elles figure le glyphosate. Paradoxe: alors que les Aasqa ont été pionnières dans la détection et la quantification des pesticides dans l’air, agissant -avec succès- hors de tout cadre légal et sans méthodologie commune depuis une dizaine d’années, l’herbicide le plus utilisé au monde n’était pas dans leur viseur. «Nous nous sommes concentrés sur les molécules volatiles, avec une forte probabilité de présence», reconnaît Patrice Colin, le directeur de Lig’Air (région Centre-Val de Loire) et référent ‘pesticides’ chez Atmo France. Ce n’est que très récemment qu’une Atmo (Air Paca) s’y est intéressé, publiant opportunément ce 27 novembre les résultats de ces trois années de surveillance (voir encadré).
Faible dispersion du glyphosate
Les raisons de cette prudence vis-à-vis du glyphosate sont de deux ordres. D’une part, si le glyphosate est une molécule très soluble dans l’eau, sa pression de vapeur est négligeable et il est peu susceptible de se volatiliser directement à partir des surfaces traitées. Les traitements par vaporisation des gouttelettes entre la rampe d’application et le sol peuvent cependant donner lieu à des dispersions, qui seront également fonction des conditions climatiques locales (force du vent, précipitation), mais aussi du type d’équipement utilisé. «Aujourd’hui le mode d’application tend à éviter cette phase de vaporisation pour supprimer la formation de gouttelettes et donc le transfert facilité vers l’atmosphère», précise Air PACA. D’autre part, la détection du glyphosate implique le développement de techniques différentes de celles employées pour les autres pesticides; un travail mené en collaboration avec l’Ineris[2] pour le Laboratoire central de surveillance de la qualité de l’air, ce qui permettra à Atmo France «d’être opérationnel rapidement», assure Patrice Colin.
Un protocole pour Noël?
Mais la recherche de l’herbicide n’aura pas lieu à l’échelle nationale: le coût de la mesure du glyphosate sur l’ensemble du territoire coûterait aussi cher que la mesure de toutes les autres substances réunies. Pour l’instant, Atmo Grand Est pourrait être la 1ère des AASQA à mener des opérations de mesures du glyphosate. Un premier retour d'expérience pour savoir si la stratégie pérenne de surveillance qui sera potentiellement définie devra intégrer le glyphosate ou non. Rendez-vous avant Noël pour l’annonce du protocole de mesures et des pesticides qui seront finalement retenus pour mener cette campagne –laquelle pourrait débuter au printemps 2018, sur une cinquantaine de sites tant en France métropolitaine qu’en Outre-Mer.
[1] Anses: Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail
[2] Ineris: Institut national de l'environnement industriel et des risques
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