Ours mâles pyrénéens cherchent femelles désespérément
Le 18 octobre 2016 par Marine Jobert
©ONCFS / Equipe Ours
Il est urgent de réintroduire des femmes en Béarn et en Hautes-Pyrénées, demandent plusieurs responsables politiques et associatifs.
Les deux ours mâles qui vivent à l’ouest du massif pyrénéen vont-ils rester célibataires? C’est ce que redoutent plusieurs représentants politiques et associatifs, qui signent une tribune inquiète sur le devenir de ce noyau ursin, réduit à la portion congrue et voué à disparaître si les pouvoir publics ne décident pas rapidement d’un lâcher d’oursonne(s). «La survie du plantigrade dans les Pyrénées occidentales ne tient plus qu’à un fil, ou plus précisément qu’à la vie de deux mâles, expliquent notamment Denez L’Hostis de France Nature Environnement et Pascal Canfin du WWF France. Cette initiative est absolument vitale pour ne pas réduire à néant plusieurs décennies d’efforts en faveur de la biodiversité et de la cohabitation entre l’ours et le pastoralisme.»
Espèce présente depuis 250.000 ans
Les choses semblaient avancer bon train depuis un avis non hostile à des lâchers du Comité de massif des Pyrénées, en juillet dernier. «Refuser le lâcher aujourd’hui, c’est décider de laisser disparaître une espèce présente depuis 250.000 ans dans les Pyrénées, analysait alors Alain Reynes, directeur de l'association Pays de l'Ours-Adet. Cela a de quoi donner le vertige, même à des élus qui ne sont pas forcément favorables à l’ours.» Depuis, le dossier n’a pas avancé. «Le dernier obstacle est politique, insistent les auteurs de la tribune. Et ce choix appartient aujourd’hui pleinement au gouvernement. Le temps presse à la fois en raison du calendrier politique et des réalités biologiques.»
Faits et gestes sous surveillance
La situation est bien meilleure dans la partie centrale du massif, avec 25 individus, dont 14 femelles, 7 mâles et 4 de sexe indéterminé, selon le rapport 2015 réalisé par l’équipe Ours de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS). Leurs faits et gestes sont surveillés et les dégâts qu’ils occasionnent comptabilisés et signalés par les éleveurs et les bergers. Depuis le 1er janvier 2016, sur les 161 dossiers enregistrés, 78 sont imputables sans aucun doute à l’ours (avec 101 animaux[1] et 31 ruches). Il y a aussi 72 dossiers pour lesquels un doute subsiste, qui seront tranchés en décembre par une commission spéciale. «Des chiffres à prendre avec précaution, tant que la saison d'estive n'est pas achevée», précise la Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement (Dreal) d’Occitanie sur le site dédié à l’ours.
[1] Sur l'ensemble du massif des Pyrénées, le pastoralisme concerne 6.000 exploitations pastorales, 1.290 estives, 100.000 bovins, 570.000 ovins et 14.000 équidés.
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