OPA sur Suez: Veolia accélère la manœuvre
Le 03 novembre 2020 par Stéphanie Senet

Le PDG de Veolia, Antoine Frérot, a annoncé ce 3 novembre que l’OPA sur Suez serait bel et bien lancée. Passant outre le refus des dirigeants, il compte présenter directement son projet aux actionnaires de son concurrent.
Pendant une heure de visio-conférence de presse, les dirigeants de Veolia se sont évertués à raconter une histoire : celle d’un PDG et d’un directeur général qui font de l’obstruction à leur projet industriel de rachat. Il s’agit bien sûr de Philippe Varin et de Bertrand Camus du groupe Suez. Chute de l’histoire : Veolia persiste et signe. Non seulement le groupe maintient son offre de rachat mais il l’accélère.
«Il faut que notre projet avance. Les plans de relance verts, c’est maintenant qu’ils se mettent en place», a déclaré Antoine Frérot face aux journalistes. Le PDG a annoncé qu’une OPA allait être lancée à 18 euros par action (15% de plus que le cours de l’action) «dès l’obtention de l’avis favorable du conseil d’administration». Elle visera les 70,1% d’actions restantes de Suez, après l’acquisition, le 5 octobre, des 29,9% d’actions détenues par Engie.
Face à face avec les actionnaires
Pour contourner l’opposition des dirigeants, le numéro un mondial du traitement de l’eau et des déchets va directement présenter son projet aux actionnaires de Suez. Et s’il ne parvient pas à le convaincre, il lancera l’OPA «au plus tard lors de la prochaine assemblée générale de Suez», a précisé Antoine Frérot. Veolia compte leur faire signer un accord de rapprochement qui comprend des engagements des deux parties, dont l’incessibilité par Suez de ses actifs. Son PDG a par ailleurs affirmé que les pré-notifications auprès des autorités financières devraient être réalisées dans le courant du mois de novembre.
Recours en annulation
Le dossier se complexifie par ailleurs au plan judiciaire. Veolia va déposer un recours, devant le tribunal de commerce de Nanterre, pour demander l’annulation de la fondation néerlandaise créée en septembre par Suez pour sortir sa filiale Eau France du groupe et compliquer son acquisition. «Cette fondation présente six causes de nullité, en particulier la remise en cause des prérogatives du conseil et des actionnaires et la remise en cause de la libre révocabilité des administrateurs», a expliqué le professeur et consultant Xavier Boucobza.
Appel à suivre
Le groupe avait déjà fait appel contre l’ordonnance en référé rendue le 9 octobre par le tribunal judiciaire de Paris, qui suspend l’opération tant que les représentants de Suez n’ont pas été consultés. «C’était à Suez et non à Veolia de lancer cette procédure d’information-consultation», avait réagi Antoine Frérot. La décision est attendue dans une quinzaine de jours.
POUR ALLER PLUS LOIN
Dans la même rubrique
Compteurs ‘communicants’: un risque faible et beaucoup de questions
15/12/2016
OSPAR: réduction substantielle des rejets radioactifs dans l’Atlantique Nord-Est
29/06/2016
Mercure: ouverture de la conférence de Minamata
07/10/2013
Eau, les ONG combattent les idées reçues
08/03/2012
Ceci est un test pour le JDLE
19/07/2011