Obama met le Congrès au pied du mur énergétique
Le 13 février 2013 par Valéry Laramée de Tannenberg

Mardi 12 février, dans son discours sur l’état de l’Union, le président américain a notamment présenté ses priorités énergétiques et environnementales.
Ce 5e discours sur l’état de l’Union de Barack Obama était très attendu. Le 12 février, à l’occasion de sa première adresse à la nation depuis sa réélection, le 44e président des Etats-Unis a dévoilé ses priorités de second et dernier mandat.
Sans surprise, le locataire de la Maison blanche a beaucoup parlé d’économie, de social et de contrôle du commerce des armes à feu. Pour autant, les questions énergétiques n’ont pas été oubliées. L’ancien sénateur de l’Illinois s’est tout d’abord félicité de la marche de l’Hyperpuissance vers son indépendance énergétique. «Nous produisons plus de pétrole chez nous que ces 15 dernières années», a-t-il rappelé. Barack Obama s’est aussi réjoui de la baisse des prix de l’énergie et de l’abaissement des émissions de gaz à effet de serre, imputables, selon lui, au boom des gaz non conventionnels.
Il a aussi été question de changement climatique. Après avoir rappelé que les 12 dernières années comptaient parmi les 15 plus chaudes depuis un siècle, que le pays souffrait régulièrement d’événements climatiques extrêmes, Barack Obama a prié le Congrès d’«agir avant qu’il ne soit trop tard». Ce qui pourrait se traduire par une proposition de loi (bipartisane, si possible) instaurant un marché des quotas d’émission, sur le modèle de ceux de la RGGI du nord-est ou de la WCI californienne. Avec leur Climate Stewardship Act, les sénateurs McCain et Lieberman avaient tenté de faire adopter un système semblable entre 2003 et 2005. Sans succès.
Qu’importe. Barack Obama appelle les Américains à installer toujours plus d’éoliennes et de panneaux photovoltaïques, made in USA, si possible. «Aussi longtemps que des pays comme la Chine investissent dans les énergies propres, nous devons le faire aussi.»
Ce verdissement pourrait toutefois n’être que de courte durée. Car, parallèlement au développement des ENR, le président américain entend accélérer la production nationale de… pétrole et de gaz. Pour la bonne cause, est-on tenté d’ajouter. Car le produit des taxes sur la production d’hydrocarbures pourrait financer un Energy Security Trust (à créer), chargé de coordonner les recherches sur les énergies propres et les technologies sobres.
Barack Obama entend réduire «le gaspillage d’énergie dans nos logements et nos bureaux». S’inspirant vaguement du paquet Energie-climat européen, Washington entend diminuer de moitié les consommations des secteurs résidentiel et tertiaire d’ici 2033. Pour ce faire, l’Etat fédéral pourrait aider les Etats qui durciront leurs normes de performance énergétique du bâtiment. Trouvant des accents rooseveltiens, le président propose aussi le lancement du programme «Fix it first». Soutenu par l’Etat et le secteur privé, il aurait comme vocation de moderniser les grandes infrastructures de transport (70.000 ponts sont délabrés, outre-Atlantique) ou d’énergie (réseaux de transport, pipelines).
Bien sûr, ces annonces ne valent pas grand-chose avant leur examen par les deux chambres du Congrès. Toutefois, a prévenu Barack Obama, «si le Congrès n’agit pas rapidement pour protéger les générations futures, je le ferai. Mon administration prendra des décrets, maintenant et plus tard, pour réduire la pollution, préparer nos communautés aux conséquences des changements climatiques et accélérer la transition… énergétique».
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