Nucléaire: de nouvelles incertitudes sur le programme français
Le 25 octobre 2017 par Valéry Laramée de Tannenberg
VLDT
L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) ne dira qu’en 2021 si elle accepte que les plus anciens réacteurs d’EDF fonctionnent 50 ans. Cette décision était attendue en 2019.
L’avenir d’EDF s’annonce toujours des plus incertains. Mardi 24 octobre, s’appuyant sur un calendrier de décision publié par le Haut comité pour la transparence et l’information sur la sécurité nucléaire, notre confrère Enerpresse annonçait que l’ASN ne rendrait qu’en 2021 son avis générique sur la prolongation de 10 ans de la durée de vie des 34 réacteurs français de 900 mégawatts (MW)[1].
Soit deux années plus tard que prévu. L’information n’a pas été démentie par le gendarme du nucléaire français.
Durée de vie
Il s’agit là d’un coup dur pour l’électricien et pour le secteur électrique tricolore. Le modèle d’affaires du groupe présidé par Jean-Bernard Lévy est en partie construit sur un allongement du fonctionnement de son parc nucléaire hexagonal: 50 ans pour les tranches de 900 MW et 40 ans pour celles de 1.300 et de 1.400 MW.
Repousser de deux années la publication de l’avis de l’ASN, c’est introduire deux années d’incertitude dans la conduite de l’entreprise. A un moment où le marché de l’électricité est en plein chambardement. Pas de quoi rassurer les investisseurs et les agences de notation. C’est aussi une menace indirecte pour Bercy.
Démantèlement impromptu?
Au cas où l’autorité présidée par Pierre-Franck Chevet ne donnerait pas son feu vert à 50 ans de fonctionnement des plus anciennes centrales nucléaires françaises, il faudrait alors les arrêter et les démanteler 10 ans plus tôt que prévu. EDF n’aura pas suffisamment provisionné pour mener à bien ces opérations. L’Etat devra alors probablement passer à la caisse, comment cela s’est déjà vu en Italie ou en Allemagne. A un demi-milliard le coût minimal de démantèlement d’une tranche, on n’ose imaginer le montant de la facture.
PPE
Ne pas savoir quelle place occupera finalement la production nucléaire, c’est laisser planer le doute sur la capacité du gouvernement à mettre en œuvre sa propre politique énergétique. La loi sur la transition énergétique impose une forte réduction de la place occupée par l’énergie nucléaire dans la production d’électricité hexagonale: 50% vers 2025 contre 75% aujourd’hui.
Or, à aucun moment, la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) n’évoque la première source de production d’électrons. Gênant pour les autres énergéticiens. La révision de la PPE, qui devra être achevée d’ici le 1er janvier 2019, apportera peut-être quelques précisions à ce sujet?
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