Notre budget carbone s’est fortement resserré
Le 24 juillet 2017 par Valéry Laramée de Tannenberg
Une étude internationale, publiée par Nature Climate Change, estime que le réchauffement est plus avancé que prévu. Conséquence : nous pouvons émettre moins de carbone que prévu si nous voulons toujours stabiliser le réchauffement à 2 °C.
Il n’y a pas que le gouvernement français à vouloir réduire son budget. Car, si les estimations de l’équipe d’Andrew Schurer se révèlent exactes, notre budget carbone est appelé à diminuer comme peau de chagrin.
Encore 20 ans
Dans le jargon des climatologues, le budget carbone est le tonnage de CO2 (ou de gaz à effet de serre, GES) que nous pouvons encore émettre pour atteindre une concentration et donc une température moyenne globale pré-définie. Pour avoir une bonne chance de limiter le réchauffement à 2 °C, nous pouvons nous permettre d’envoyer 800 milliards de tonnes de CO2 dans l’atmosphère. Un budget carbone que nous aurons épuisé en une vingtaine d’années, au rythme actuel de nos émissions.
Quelle ère pré-industrielle?
L’accord de Paris ambitionne de limiter le réchauffement à 2 °C, voire 1,5 °C, par rapport à l’ère pré-industrielle la température moyenne du monde. Problème, s’écrient le climatologue de l’université d’Edinburg et ses collègues, cette fameuse ère n’a jamais été définie scientifiquement. Or, selon le moment où l’on fait débuter cette période bénie du carbone, le budget carbone n’aura pas tout à fait le même volume.
Climat fluctuant
Rien n’est plus difficile que de situer dans le temps la période où le bilan carbone de l’Humanité était encore neutre. «Car, les températures fluctuent aussi naturellement à cause des éruptions volcaniques ou des fluctuations de l’activité solaire», rappelle Andrew Schurer. L’hémisphère nord a connu un climat plus chaud entre du IXe au XIVe siècles: l’optimum médiéval. S’en sont suivis les six siècles du petit âge glaciaire.
Pour établir le niveau zéro carbonique, les auteurs ont reconstruit l’évolution passée des températures de la surface de l’océan et des continents.
1 °C, 1,1 ou 1,2 °C ?
«Le Giec estime à 1°C le réchauffement actuel par rapport à l’ère pré-industrielle. Ce qui est probablement faux», estime Michael Mann (université de Pennsylvanie), co-auteur de l’étude. En effet, rappelle le créateur de la «crosse de Hockey», le Giec la fait débuter en 1750, date où les émissions de gaz à effet de serre anthropiques contaminaient déjà l’atmosphère. Conclusion du climatologue: «mieux vaut parler d’un réchauffement de 1,1 à 1,2°C.» Ce qui réduit de 20 à 40 % le volume du budget carbone initial.
Bref, il va falloir se serrer la ceinture carbone plus vite et plus fort que prévu.
POUR ALLER PLUS LOIN
Dans la même rubrique
Climat: Bruxelles veut doucement renforcer son ambition
30/07/2018
Climat: un surprenant classement des compagnies pétrolières
01/08/2018
Climat: 2017, nouvelle année noire
02/08/2018
Nicolas Hulot : un bilan d’équipe
28/08/2018
Chine et Europe renforcent leurs liens
16/07/2018
Les saisons chamboulées par le réchauffement
23/07/2018