Nano: 6 laits infantiles américains contiennent des particules nanométriques
Le 18 mai 2016 par Marine Jobert
DR
Les Amis de la Terre USA ont fait analyser 6 laits infantiles, à la recherche d’ingrédients incorporés sous forme de nanomatériaux. Une première, selon l’ONG, qui a eu le nez creux: trois types de particules ont été identifiés. Qu'en est-il des laits infantiles vendus sur le marché français et européen? s’interroge l’association VeilleNanos.
C’est, à leur connaissance, la première fois que du lait infantile était analysé pour y chercher des nanoparticules. Bingo! Des hydroxyapatites, du dioxyde de titane et du dioxyde de silicium ont été décelés dans les 6 laits infantiles grand public achetés par la branche américaine de l’association Les amis de la Terre (AT). «Ces nanomatériaux constituent un risque par inhalation [du lait en poudre] pour les bébés, les parents et les personnes qui s’en occupent, ainsi que pour les travailleurs qui les fabriquent», estiment les AT USA.
Trois nanomatériaux
Les hydroxyapatites sous forme nano sont «vraisemblablement» employés comme source de calcium ou pour stabiliser les ingrédients, explique les AT. On en trouve dans les dentifrices, mais l’ONG n’a relevé aucune mention de son utilisation dans les laits infantiles. Le Comité scientifique européen sur la sécurité des consommateurs (SCCS) avait conclu en octobre 2015 à la toxicité du produit sous forme nano dans les cosmétiques oraux à une concentration de 10%.
Le dioxyde de titane sous forme nano est un blanchisseur. Classé cancérogène possible pour l'homme (catégorie 2B) par le Centre international de recherche sur le cancer (Circ) sous sa forme classique, il fait l’objet d’une attention soutenue des pouvoirs publics. Le caractère inflammatoire du TiO2 ultrafin a récemment amené l’Institut national de recherche et de sécurité à proposer d’adopter la valeur-limite d’exposition professionnelle retenue aux Etats-Unis.
Quant au dioxyde de silicium ou silice amorphe, il est le deuxième nano le plus utilisé en France (désigné sur les étiquettes comme l’additif E551), très couramment employé dans l’industrie agroalimentaire, ainsi que pour les semelles de chaussures, les pneumatiques, le dentifrice, les produits pharmaceutiques, le papier, la peinture.
Absence d’information
L'ONG américaine demande aux pouvoirs publics de rappeler les laits maternisés incriminés, et plus largement, d’instaurer un moratoire sur la commercialisation de produits contenant des nanoparticules de synthèse, ainsi que de protéger les travailleurs et de garantir la transparence de l'évaluation sanitaire et de l'étiquetage des produits. L’absence d’informations sur l’usage de nanoparticules par les industriels n’est pas meilleure qu’en France: l’ONG leur demande de développer des lignes directrices concernant les nano et de garantir la transparence tout au long de la chaîne d'approvisionnement.
POUR ALLER PLUS LOIN
Dans la même rubrique
Air: l’Etat français dans l’antichambre de la Cour de justice de l’Union européenne
27/03/2018
Compteurs ‘communicants’: un risque faible et beaucoup de questions
15/12/2016
En Irak, la pollution de guerre tue aussi
23/08/2016
OSPAR: réduction substantielle des rejets radioactifs dans l’Atlantique Nord-Est
29/06/2016
Mercure: ouverture de la conférence de Minamata
07/10/2013
Philippe Martin présente son programme
22/07/2000