Mieux vaut être un loup en Suisse qu’en France
Le 17 juin 2013 par Marine Jobert
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En Suisse comme en France existe un plan Loup, qui prévoit des abattages en cas d’attaque. Mais à une condition: le tir n’est autorisé que si les éleveurs ont pris les mesures de prévention «que l'on peut raisonnablement exiger d'eux (par exemple: systèmes de clôture efficaces pour le parcage des moutons la nuit, engagement de chiens de protection) (…) La protection des troupeaux est la condition essentielle pour la cohabitation de l'élevage ovin et du loup en Suisse». C’est sur cette base que l’Office fédéral de l’environnement (Ofev) vient de refuser à deux éleveurs du Valais de les indemniser après des attaques. Motifs: «Dans un cas, l'enclos des moutons attaqués n'était pas correctement clôturé. Dans l'autre cas, les moutons attaqués paissaient sans surveillance depuis plusieurs jours sur un pâturage boisé impossible à protéger». Une politique exigeante qui s’avère payante, puisque l’Ofev constate que «dans la plupart des cantons où la présence du loup est avérée, les mesures nécessaires ont été prises et les dommages causés aux animaux de rente sont minimes».
Vérité d’un côté des Alpes, erreur de l’autre?... Le plan Loup «made in France» [JDLE] ne prévoit pas de subordonner l’indemnisation des éleveurs aux moyens déployés pour se protéger tant que faire se peut des attaques de loups «Ce plan récompense les mauvais éleveurs qui, plutôt que de s’embêter à s’équiper, se font manger des moutons qu’ils se font indemniser deux à trois fois leur valeur», regrette Pierre Athanaze, le président de l’Association pour la protection de la faune sauvage (Aspas). Une logique qui, outre son coût -11 millions d’euros- risque d’aboutir à des dommages encore plus grands sur les troupeaux, car les tirs risquent de désorganiser les meutes.
L’Aspas a déposé le 12 juin une plainte devant la Commission européenne, pour violation de la directive Habitats. «La France traite le loup plus mal que s’il était une espèce nuisible, puisqu’elle autorise sa chasse pendant les périodes de reproduction, avec des armes normalement interdites pour la chasse.» Une lunette à amplification de lumière montée sur une carabine avait été remise en mars dernier au président des louvetiers de la Drôme [JDLE]. Et Nice-Matin a annoncé que le ministère de l’écologie a assuré à des éleveurs des Alpes-Maritimes –où le plan Loup est opérationnel- qu’un hélicoptère équipé de caméras thermiques serait utilisé dans la semaine pour appuyer les équipes de prélèvement. «Des moyens sans précédent qui sont à la hauteur de la gravité de la situation de ce département littéralement sinistré», estime l’association «Eleveurs et Montagnes.» Autant d’éléments qui seront examinés par Bruxelles, –laquelle a un an pour décider si elle met en demeure la France de s’expliquer sur sa gestion de cette espèce qui reste protégée sous nos latitudes.
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