Métaux: imprégnation stable chez les femmes enceintes
Le 03 janvier 2018 par Romain Loury
En France, l’imprégnation des femmes enceintes par les métaux reste stable, voire diminue pour certains, mais demeure supérieure à celle d’autres pays pour le mercure et l’arsenic, révèle une nouvelle analyse de la cohorte Elfe publiée fin décembre par Santé publique France.
Après un premier tome consacré aux polluants organiques persistants (POP), publié en décembre 2016, l’agence française de santé publique a livré fin décembre une analyse d’imprégnation de 4.515 femmes enceintes de la cohorte Elfe par 13 métaux et métalloïdes, présents dans le sang de cordon, les cheveux, l’urine et le sang.
«L’exposition prénatale aux métaux et métalloïdes est soupçonnée d’avoir des répercussions sur la grossesse (prématurité, malformations congénitales, diminution du poids du nouveau-né à la naissance) ainsi que sur le développement et la santé ultérieure de l’enfant (atteintes du système reproducteur, du métabolisme, du développement psychomoteur et intellectuel et augmentation du risque de cancers)», rappelle Santé publique France dans son rapport.
Tabac, fruits de mer, chocolat, etc.
Pour la plupart des substances analysées[i], la tendance reste stable par rapport aux données antérieures, avec des chiffres similaires à ceux observés dans d’autres pays, en Europe et en Amérique du Nord. Parmi les principales sources d’exposition, «la consommation de tabac, de produits de la mer, d’eau en bouteille, d’eau du robinet, de thé, d’alcool, de chocolat, etc», indique l’agence.
Celle-ci confirme par ailleurs une tendance à la baisse pour deux substances particulièrement toxiques, le mercure et le plomb, qui s’explique par «la mise en place de réglementations strictes (limitations des rejets, interdiction de l’essence plombée, etc)».
Arsenic, mercure: une particularité française
«En revanche, les résultats montrent que comparativement aux États-Unis et au Canada, il existe en France une sur-imprégnation des femmes enceintes par l’arsenic total et le mercure», ajoute l’agence. Déjà observée en population générale, cette tendance s’expliquerait par une consommation accrue de fruits de mer, source importante de ces deux métaux.
Santé publique France a également tenté d’étudier l’aluminium, mais a finalement renoncé à produire des résultats, en raison d’une possible contamination externe des échantillons du fait du «caractère ubiquitaire de ce polluant».
[i] Aluminium, antimoine, arsenic, cadmium, césium, chrome, cobalt, étain, mercure, nickel, plomb, uranium, vanadium.
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