Mes nuits se réchauffent plus vite que vos jours
Le 01 octobre 2020 par Romain Loury
University of Exeter
Sous l’effet du changement climatique, les nuits se réchauffent globalement plus vite que nos jours, révèle une étude britannique publiée mercredi 30 septembre dans la revue Global Change Biology. Peu étudié à ce jour, ce phénomène, qui n’est pas sans conséquence pour la biodiversité, est lié à des altérations de la couverture nuageuse.
S’il est variable selon les latitudes, l’altitude et le type de milieu, le réchauffement l’est aussi en fonction de l’heure de la journée. A ce jour, le phénomène a été peu étudié. A tort, estime l’équipe de Kevin Gaston, de l’Environment and Sustainability Institute à l’université d’Exeter (Royaume-Uni): d’une part, l’impact du réchauffement, selon qu’il soit plutôt diurne que nocturne, peut avoir des effets variables sur la biodiversité; d’autre part, une telle analyse est riche d’enseignements sur le climat mondial.
Les chercheurs montrent que, globalement, l’écart est souvent élevé: sur 54% de la surface terrestre, il excède 0,25°C entre le jour et la nuit, au cours de la période 1983 et 2017. Le plus souvent, le réchauffement a été plus marqué de nuit que de jour. Le plateau tibétain et la cordillère des Andes battent des records, avec un écart jour-nuit qui dépasse 3°C: depuis 1983, les nuits s’y sont réchauffées de 3°C plus rapidement que les jours.
Les nuages responsables de l’écart
Comment expliquer un tel phénomène? Par la couverture nuageuse, elle-même sous influence du réchauffement. L’air devenant plus chaud, il peut emmagasiner plus d’humidité, ce qui favorise la formation de nuages. Or ceux-ci ont des effets variables au cours d’une même journée: bloquant les rayons solaires, ils ont un effet rafraichissant de jour, mais réchauffent la nuit en emprisonnant la chaleur qui se dégage du sol.
A l’inverse, d’autres régions ont vu leurs jours se réchauffer plus rapidement que leurs nuits. C’est le cas de l’Afrique de l’est, dont la sécheresse naturelle est accrue par le réchauffement, et où la couverture nuageuse tend à décroître.
La nuit, refuge thermique en péril
Selon les chercheurs, de telles tendances, divergentes d’une région à l’autre, pourraient avoir de fortes implications sur la biodiversité. Pour la plupart des espèces, la nuit constitue en effet un refuge thermique, pendant lequel les organismes récupèrent de la chaleur diurne. Sans ce temps de repos, les espèces animales et végétales pourraient devenir plus vulnérables à la hausse thermique, plus souvent victimes de déshydratation.
L’équipe révèle par ailleurs des effets sur la végétation: dans les zones où la nuit s’est réchauffée plus rapidement, l’humidité constitue un frein à la croissance végétale (mesurée par le Leaf Area Index), probablement par blocage des rayons lumineux. A l’inverse, la baisse d’humidité, dans les régions où le réchauffement est plus marqué en journée, constitue le principal facteur limitant la croissance végétale.
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