Lyon-Turin: Grenoble se retire du financement
Le 19 avril 2016 par Marine Jobert
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La majorité écologiste a voté le désengagement financier de la commune du financement de la ligne Lyon-Turin. Trop chère, basée sur des hypothèses de trafic irréalistes, au détriment de projets locaux.
Une délibération qui sonne comme une «libération»: la majorité municipale de Grenoble conduite par l’écologiste Eric Piolle a décidé de ne pas honorer les engagements financiers de son prédécesseur. Elle retire sa signature du protocole d’intention de 2002 –réitéré en 2007- qui prévoyait de financer la réalisation de la «première phase des accès au tunnel international de la nouvelle liaison ferroviaire Lyon-Turin et des liaisons entre Lyon et le Sillon alpin». «Ce grand projet repose sur des prévisions de trafic irréalistes alors que le Lyon-Turin ferroviaire pourrait se développer ici et maintenant. (…) La Ville de Grenoble affirme son soutien au développement d’alternatives moins coûteuses et plus efficaces.»
De 53 à 129 millions
En 2002, les collectivités locales (département de l’Isère, communauté d’agglomération Grenoble-Alpes Métropole et ville de Grenoble) s’étaient engagées à hauteur de 53,4 millions d’euros. Dix ans plus tard, leur participation était passée à 129,72 M€. «Aucune actualisation des données n’a été faite depuis», déplore la majorité municipale dans un communique intitulé «Ferroviaire: il y a bien d’autres priorités que le Lyon-Turin».
Clé à déterminer
«En suivant l’évolution du coût total du projet, nous serions aujourd’hui sur une participation de l’ordre de 330 M€», estime Pierre Mériaux, conseiller municipal délégué à la montagne et au tourisme, cité par Rue89Lyon. La somme qui aurait incombé à la seule ville de Grenoble n’est pas précisée, car ce montant dépendait d’une clé de répartition «à déterminer». La municipalité rappelle toutefois que «le montage financier du projet apparaît encore aujourd’hui très imprécis dans sa globalité». En 2012, la Cour des comptes notait que les 11,8 Md€ prévus par le schéma national des infrastructures de transport (Snit) étaient passés, de l’aveu même de la direction générale du Trésor à 26,1 Md€.
Transports du quotidien
Une pression financière insoutenable pour les finances publiques, pour un projet qui, de surcroît, n’auraient fait gagner qu’une poignée de minutes à ses administrés (13 minutes de moins pour aller à Paris).
Le maire de Grenoble invite «l’ensemble des décideurs publics, localement dans les Alpes, à l’échelle régionale mais également au niveau de l’Etat et de l’Union européenne» à abandonner le projet controversé de la ligne Lyon-Turin. Plus largement, il les incite à recentrer leurs ressources «sur les transports du quotidien», ainsi que vers «des politiques volontaristes de report modal de la route vers le rail ou d’autres moyens moins polluants».
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