Londres investit lourdement dans les renouvelables
Le 23 avril 2014 par Valéry Laramée de Tannenberg

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Le gouvernement britannique vient d’autoriser la construction de 8 gros projets d’énergie renouvelable. Ils seront les premiers à bénéficier du nouveau mode de subvention de l’électricité verte: les contrats pour la différence. Explications.
Lors des élections de 2010, qui le menèrent tout droit au 10 Downing Street, David Cameron ne cessait de répéter que lui, Premier ministre, serait à la tête du plus vert des gouvernements britanniques qu’on n’aurait jamais vus. Quatre ans plus tard, beaucoup reste à faire. Mais le leader de la coalition «tory-lib dem» commence à donner le change.
4.500 MW renouvelables d’un coup
Dernier exemple en date: l’accord donné, ce 23 avril, par le secrétariat d’Etat à l’énergie et au changement climatique (DECC) à la réalisation de 8 projets d’énergie renouvelable. 8 très gros projets, en fait. D’un seul coup d’un seul, Londres donne son feu vert à la construction de 5 parcs éoliens marins et 3 centrales électriques utilisant de la biomasse. Au total, ce sont 3.184 mégawatts éoliens et 1.364 MW électriques de capacités nouvelles qui vont être mises en service d’ici 2020: soit 4% du parc électrique britannique.
Les Scandinaves et Sud-Coréens
Côté éolien, ce sont les Scandinaves qui se taillent la part du lion. Avec leurs projets de Burbo Bank, Horn Sea, Walney et Dudgeon, les énergéticiens Dong (Danemark) et Statoil (Norvège) vont mettre en service 79% des nouvelles capacités éoliennes. Seul SSE, l’un des électriciens écossais, fait de la résistance avec son parc de Beatrice, sur lequel seront déployées plus de 130 turbines de 5 MW.
A terre, MGT Power va bâtir une centrale électrique à cogénération de 300 MWe sur le port de Teesside. Financée par des capitaux sud-coréens, cette installation consommera 2,7 millions de tonnes de granulés de bois, issus de forêts labellisées américaines et scandinaves. Drax Power poursuit son verdissement. Grâce au coup de pouce de l’administration Cameron, la plus grande centrale électrique au charbon du Royaume va pouvoir transformer l’une de ses chaudières (665 MWe) pour pouvoir y brûler charbon et biomasse en co-incinération.
Au total, ces 8 installations devraient produire 15 térawattheures par an, soit environ 4% de l’électricité produite en 2012. Selon le département à l’énergie et au climat (DECC), les porteurs des projets devraient investir 12 milliards de livres (14 milliards d’euros) et créer 8.500 emplois.
Première application des contrats pour la différence
Ils ne devraient pas non plus faire une trop mauvaise affaire. Car ces projets bénéficient du régime des contrats pour la différence (CfD). Selon ce nouveau dispositif, les exploitants des parcs éoliens et des centrales à biomasse vendent leur électricité sur le marché au prix du marché. Ce prix diffère souvent du coût de production. L’Etat s’engage, pour 15 ans, à combler la différence (d’où le nom du contrat), lorsque le prix du marché est inférieur au coût de production. En revanche, et contrairement aux tarifs d’achat à la française, Londres garde ses livres quand les prix de marché sont supérieurs au coût de production. EDF Energy profite d’un système analogue pour rentabiliser sa future centrale nucléaire de Hinckley Point.
Happy end? Pas totalement. Drax Power a annoncé avoir intenté un recours contre la décision prise par le DECC. L’électricien du Yorkshire espérait financer la modernisation de deux chaudières grâce au CfD. Mais seul l’un de ces deux projets a été retenu par Londres.
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