Les mauvais choix de Renault lui coûtent cher
Le 19 janvier 2016 par Yves Leers
Renault
Même si le constructeur automobile français va devoir rappeler 15.800 véhicules et sans doute beaucoup plus, «l’affaire Renault» n’a rien à voir avec le Dieselgate du groupe Volkswagen. Contrairement à son concurrent allemand, l’industriel au losange a fait un choix technologique légal, mais inefficace.
Ce choix technologique, c’est celui des pièges à oxydes d’azote installés pour se conformer à la norme Euro6 en cours d’application. Depuis plusieurs mois, le Conseil international des transports propres (ICCTT) avait mis en garde contre ce dispositif qui donne de bons résultats en laboratoire. Sur route, en revanche, ses performances dépendent de la température extérieure.
Lundi 18 janvier au soir, à l’issue de l’audition de la commission installée par la ministre de l’écologie, Ségolène Royal a expliqué que les émanations de CO2 et de NOx ne sont pas «conformes aux mesures attestées dès que la température extérieure est inférieure à 17 degrés».
Problème, la température moyenne oscille, en France, entre 9 et 16°C. «Renault s'est engagé à rappeler plus de 15.000 véhicules pour les vérifier et les régler correctement afin que le système de filtration fonctionne», a déclaré la ministre. Certaines sources font état de 700.000 véhicules concernés, ce que Renault dément.
Tests insatisfaisants
Selon le directeur de l’ingénierie de Renault, Gaspard Gascon-Abellan, les 15.800 véhicules concernés dans l’immédiat sont des SUV Captur diesel 110 ch. fabriqués en Europe entre février et septembre 2015, dont les émissions polluantes seraient «jusqu’à 10 fois supérieur aux valeurs homologuées lors des tests sur route». Même les tests en laboratoire (NEDC) ne seraient pas satisfaisants, a-t-il été reconnu devant la commission.
C’est en juillet dernier que Renault a découvert son «erreur de calibrage» liée au choix du «piège à NOx». Essentiellement installé pour réduire les coûts (de 200 à 500 euros par véhicule), ce système est aussi peu efficace pour abattre les rejets de NOx que de soufre. Du coup, comme l’a expliqué Gaspard Gascon-Abellan, «le filtre à particules perdait complètement son efficacité». Un premier rappel de véhicules a été lancé en septembre une fois le défaut corrigé. La note sera salée: le plan technique «qui doit permettre de réduire l'écart entre les émissions dans des conditions réelles et les émissions normalisées» va coûter 50 M€ sans compter le coût du rappel des véhicules et l’impact sur l’image de la marque.
UN SYSTEME MOINS COUTEUX
L’Espace 5 (1,6 Dci) serait également concernée, avec des dépassements 10 fois supérieurs à la normale, ce que dément le constructeur. Les dépassements avaient été relevés dès septembre par l’ONG allemande spécialisée DUH. En septembre, les tests en labo de l’ICTT sur trois véhicules (Volvo, Renault et Hyundai) équipés de «trappes à Nox» avaient donné des «émissions extrêmes». C’était là, selon l’ICTT, «une claire indication que, dans certains cas, la technologie ‘trappe à NOx’ est paramétrée pour livrer de bonnes performance lors des tests d'homologation, mais pas nécessairement lors des conditions réelles représentées par la WLTP», la procédure d'essai mondiale harmonisée pour les voitures particulières et véhicules utilitaires légers.
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