Les gaz non conventionnels : l’énergie du siècle ?
Le 24 septembre 2010 par Valéry Laramée de Tannenberg
Ce n’est pas évident, vu d’Europe, mais le marché du gaz a connu ces dernières années une véritable révolution. Notamment aux Etats-Unis. Au cours de la dernière décennie, les compagnies américaines ont réussi à banaliser l’exploitation de deux nouveaux types de gaz : le gaz de schiste ( shale gas) et le gaz des réservoirs ultra-compacts ( tight gas). Désormais, ces gaz « non conventionnels » fournissent 20 % du gaz consommé outre-Atlantique, contre 1 % en 2000.
Le centre, le sud et l’est des Etats-Unis disposent de réserves considérables de ces hydrocarbures. Tout comme la Russie, le Moyen-Orient, l’Amérique latine etla Chine. Prometteurs , ces gisements pourraient bouleverser le paysage énergétique mondial. Avec le développement de technologies d’extraction efficaces, ces gaz pourraient doubler la quantité de gaz disponibles surla planète. Letout à des coûts défiant toute concurrence. Selon Chris Rowland, d’Ecofin, le coût d’extraction des gaz non conventionnels oscillent entre 3 et 5 dollars (entre 2,23 et 3,72 euros) par BTU, contre une dizaine, en moyenne, pour les gaz conventionnels, confirme Paul Stevens, auteur d’un rapport rédigé pour le think tank Chattham House.
Abondants, peu chers, ces gaz particuliers ont déjà fait une victime : le gaz naturel liquéfié (GNL). Considéré comme l’une des sources sûres d’approvisionnement en gaz des Etats-Unis, à l’aube des années 2000, le gaz des méthaniers est en perte de vitesse. On ne compte plus le nombre de projets de terminaux de regazéification abandonnés. Et aucune des infrastructures existantes ne tournent à plein régime. Mais le pire est encore à venir.
Rien n’interdit de penser, estime Chris Rowland, que le développement massif du gaz de schiste et gaz des réservoirs ultra-compacts, voire du grisou, puisse tuer dans l’œuf nombre de projets énergétiques. Interrogé par Bloomberg, le chercheur d’Ecofin estime à 67,2 $ (50 €) le coût de production d’un mégawattheure par une centrale à gaz non conventionnels : autant que le prix coûtant d’un électron d’un réacteur de nouvelle génération, mais trois fois plus que pour une centrale au charbon équipée d’un système de capture et de séquestration du carbone. Le mix énergétique du futur est loin d’être encore défini.
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