Les bons conseils de l’Académie des sciences
Le 15 janvier 2013 par Valéry Laramée de Tannenberg
Ne comptez pas sur l’Académie des sciences pour trancher. En septembre 2010, la vieille dame du quai Conti, à Paris, n’avait pas condamné les théories fumeuses de certains de ses membres sur les origines naturelles du réchauffement climatique, pourtant démontées par d’autres académiciens, climatologues, eux.
Cette fois, c’est un peu la même chose. Il est urgent de ne fâcher personne. Lundi 14 janvier, l’Académie a publié son dernier rapport. «La recherche scientifique face à l’énergie», c’est son titre, porte le message des «sages» aux parties prenantes du débat national sur la transition énergétique.
Doutant, parfois, de l’origine anthropique du réchauffement, les académiciens ne savent pas plus quelles doivent être les priorités en matière de recherche sur l’énergie. En pareil cas, une seule solution: tout faire! Dans le domaine des renouvelables, il faudra ainsi développer des recherches sur les énergies éolien et solaire concentré, 27 ans après l’arrêt de la centrale expérimentale Thémis!
Alors qu’ils suivent leur cours depuis des années, notamment à l’initiative d’EDF, les sages recommandent de travailler sur «les stratégies d’insertion de cette électricité intermittente, diffuse et foisonnante dans un réseau centralisé». On appelle cela les réseaux intelligents, quelle nouveauté!
Une dizaine d’années après les scientifiques norvégiens et britanniques, leurs collègues français découvrent que «l’énergie des courants marins […] constitue une source intéressante». Le photovoltaïque n’est pas oublié: «Il faut rechercher à la fois une utilisation plus efficace et plus complète du spectre solaire pour augmenter les rendements et encourager les procédés permettant de développer ces technologies à des coûts sensiblement inférieurs à ceux d’aujourd’hui». Ce qui ressemble furieusement au programme de l’Institut national de l’énergie solaire (Ines).
Sans rire, les académiciens professent d’orienter «vers les procédés de production de biocarburants de deuxième génération utilisant la biomasse ligno-cellulosique, et de troisième génération issus d’organismes photosynthétiques». Ce que font industriels et centres de recherche depuis des années.
Même chose pour les recherches sur les techniques de stockage de l’énergie. Des recherches, il faudra aussi en conduire sur «l’énergie nucléaire de fission». Pour mémoire, ce sujet a pompé la quasi-intégralité des crédits de recherche français sur l’énergie durant de très nombreuses années. Ce qui n’était pas le cas des combustibles fossiles.
A cet égard, le rapport préconise de «reprendre le dossier des gaz de schiste et de réexaminer les conditions d’une extraction qui permettrait de réduire au moins partiellement cette facture et la dépendance de la France par rapport aux pays producteurs de gaz et de pétrole». Bien sûr, on émettra du gaz carbonique, et c’est pour cela qu’il faut poursuivre «les recherches sur la séquestration du CO2», qui sont pourtant un échec cuisant pour les scientifiques et les industriels français. Pas toujours pour des questions techniques d’ailleurs.
Un détail qui en dit long: sur les 250 pages du rapport, moins d’une dizaine sont consacrées aux «économies d’énergie» et au transport. Le gouvernement a décidément bien fait de ne pas convier les «sages» à son débat.
POUR ALLER PLUS LOIN
Dans la même rubrique
GEG
12/03/2018
Le bilan carbone quotidien du JDLE
06/04/2017
OSPAR: réduction substantielle des rejets radioactifs dans l’Atlantique Nord-Est
29/06/2016
Les temps forts de la rentrée
19/08/2015
Menace sur la transition énergétique
20/01/2014
Moscou ne voit pas les gaz de schiste d’un bon œil
16/10/2013