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Entreprises et santé : quels sont les risques qui font le plus peur aux français ?

J’ai déjà évoqué à plusieurs reprises l’importance de tenir compte de la perception des risques pour concevoir des actions de prévention efficaces, notamment dans mon billet du 24 juillet dernier. L’édition 2019 du Baromètre IRSN sur la perception des risques et de la sécurité par les français apporte de très intéressants éclairages sur ce sujet. Si ce baromètre est centré sur les risques industriels, nucléaires notamment, il est riche d’enseignements sur les enjeux sociaux des risques. Ce baromètre est publié depuis une vingtaine d’années. Les derniers résultats analysent les réponses de 1039 personnes âgées de plus de 18 ans qui ont été interrogées à leur domicile du 26 novembre au 14 décembre 2018. La représentativité de l’échantillon est assurée par la méthode des quotas (sexe, âge, CSP du chef de famille) après stratification par région et taille d’agglomération.

Enseignements généraux

Le premier enseignement est la place occupée par l’insécurité dans les préoccupations principales des Français. C’est une évolution significative, avec un niveau jamais observé depuis presque 20 ans. Ceci est attribué au mouvement des « gilets jaunes » qui battait son plein au moment de l’enquête. Le chômage et l’exclusion sont en 2e et 3e positions. Parmi les 35 situations à risque suivies par le Baromètre, celles dont le niveau de risque perçu est le plus élevé sont le cancer (74 %) et le terrorisme (72 %). Concernant les risques individuels, le tabagisme des jeunes, la drogue et l’alcoolisme restent des préoccupations majeures des Français.

Poussée de la préoccupation écologique

De nombreux thèmes sont couverts dans cette étude. Pour notre propos, on retiendra ce qui concerne la dégradation de l’environnement qui est en nette progression depuis ces dix dernières années (+10 points depuis 2010). Le score cumulé des préoccupations environnementales (réchauffement climatique et dégradation de l’environnement) atteint 42 %, à comparer au score cumulé de 64 % des préoccupations socio‑économiques citées ci-dessus. Le sujet environnemental le plus préoccupant pour les Français est le réchauffement climatique qui voit son score augmenter fortement (+ 8 points par rapport à 2017 et + 29 points depuis 2013, un niveau jamais atteint par le passé). Il est suivi par la disparition d’espèces animales qui passe de la 3e à la 2e place et gagne 5 points tandis que les pollutions de l’air et de l’eau poursuivent une tendance à la baisse de près de 30 points depuis 2013. Les préoccupations relatives aux pesticides (70 %), aux OGM (57 %) et aux produits alimentaires (50 %) restent fortes. Les nanoparticules poursuivent en 2018 la tendance à la hausse amorcée en 2010 (+22 points depuis 2010, +5 par rapport à 2017). La perception des risques liés aux perturbateurs endocriniens reste stable par rapport à l’année passée. Concernant le nucléaire, les risques liés aux centrales nucléaires (14e position) et aux déchets radioactifs se maintiennent dans la première moitié des situations perçues comme les plus à risque.

Quels sens donner à ces résultats ?

Les esprits rationalistes ne manqueront pas de remarquer que certaines peurs importantes concernent des risques incertains comme les OGM. En réalité, ce qu’il faut comprendre, c’est que la perception sociale des risques obéit à deux déterminants majeurs : plus que le niveau des risques tel que l’épidémiologie peut l’apprécier, ce qui structure l’opinion, c’est le caractère collectif et involontaire des risques environnementaux. On peut choisir de fumer, on ne choisit pas la qualité de l’air, de l’eau ni celle des aliments. L’autre dimension structurante est l’incertitude scientifique et les controverses qui vont avec. Les français savent que la science ne peut pas dire avec certitude si certaines substances très présentes dans l’environnement sont dangereuses ou pas. Mais les polémiques et le choc des intérêts qu’elles révèlent inquiètent et ce n’est pas de l’irrationalité. On notera que la confiance des Français dans la science reste forte à 80 % et qu’ils conservent une bonne opinion des experts (seuls 6 % en ont une mauvaise ou très mauvaise opinion). La reconnaissance de l’expertise s’accompagne d’exigences de compétence et d’indépendance qui demeurent les premières qualités attendues d’un expert. La confiance dans les autorités est moins forte, mais elle ne s’effondre pas. Pour les politiques des entreprises, qu’il s’agisse de marketing, de communication de qualité, de développement durable, de RSE ou de HSE, ces résultats sont importants à prendre en compte. Chaque fois que les entreprises montreront qu’elles évaluent sérieusement leurs risques, elles créeront de la confiance et réduiront les inquiétudes.   Vous pouvez échanger et poser vos questions à William Dab et aux équipes Red-on-line dans les commentaires ou sur les réseaux sociaux LinkedIn et Twitter : @HSE_Rol et @DabWilliam. William Dab Professeur titulaire de la chaire d’Hygiène et Sécurité du Cnam où il forme des spécialistes des risques sanitaires du travail et de l’environnement, notamment par une filière d’ingénieur en gestion des risques, William Dab est médecin et docteur en épidémiologie. Sa carrière a été entièrement consacrée à la sécurité sanitaire qu’il s’agisse d’outils d’évaluation, de surveillance et de gestion des risques. Ancien directeur général de la santé, il a été membre du comité exécutif de l’OMS et président du comité européen environnement et santé pour la région Europe de l’OMS. Il a notamment publié « Santé et environnement » dans la collection Que sais-je ? (PUF) et « La Santé et le Travail » chez Arnaud Franel.  

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