Le voile n’est pas totalement levé sur les «boues» d’ArcelorMittal
Le 26 juillet 2017 par Stéphanie Senet

Selon les résultats de l’enquête lancée en interne par le sidérurgiste, aucun acide pur n’a été déversé au centre de stockage des résidus de Florange. Ni dans la nature. Mais le parquet de Thionville et la Dreal poursuivent leurs investigations.
Dans un communiqué publié le 25 juillet, le groupe sidérurgique se livre à une analyse de film: celui qui a été réalisé par l’employé d’une filiale du groupe Suez, auteur des révélations, début juillet, sur «des déversements de 28 mètres cube d’acide, chaque jour pendant trois mois, sur le crassier de Hayange». Le chauffeur y affirme avoir été obligé de jeter ces résidus toxiques au lieu de les transporter vers un centre de recyclage. Cette vidéo a largement circulé sur Internet et a conduit le parquet de Thionville (Moselle) à ouvrir une enquête préliminaire dès le 4 juillet.
«Des boues d’hydroxyde de fer»
«Ce que l’on voit dans la vidéo est un mélange de boues d’hydroxyde de fer qui contient du chlorure et qui est légèrement acide par nature. Ces boues sont non-dangereuses et leur dépôt sur cette zone de stockage est parfaitement autorisé par la Dreal en vertu d’un arrêté préfectoral», affirme la direction d’ArcelorMittal. Des propos qui détaillent le premier démenti formel, publié le 17 Juillet sur le compte Twitter de l’entreprise. Elle ajoute que «l’acide utilisé sur la ligne de décapage est systématiquement régénéré et réutilisé».
«De la vapeur d’eau»
Le groupe sidérurgique écarte tout danger. La fumée? «De la vapeur» due à la différence de température entre les boues (30°C) et l’atmosphère (entre -3°C et 3°C[1]). La couleur jaune vif ? Elle est liée à la «présence de fer et de chlorure dans les boues».
«Ni fraude, ni pollution»
Enfin, les prélèvements réalisés dans les sols et les eaux par les équipes d’ArcelorMittal ne montrent aucune trace d’un déversement d’acide, selon le groupe, qui a porté plainte contre X. «Notre enquête conclut à l’absence de fraude et de pollution», conclut Eric Niedziela, directeur général d’ArcelorMittal Atlantique et Lorraine.
Temps de migration
Ces premiers résultats confirment la première analyse faite le 18 juillet par la Communauté d’agglomération du Val de Fensch (CAVF), qui regroupe 10 communes dont Florange et Hayange, selon laquelle «les prélèvements effectués dans le réseau hydrographique adjacent au crassier n’ont révélé aucune trace significative d’acide». Mais le président de la CAVF préfère attendre avant de fermer le dossier. «Il convient d’être très prudent dans l’analyse de ces résultats car les temps de migration des polluants dans les sols peuvent être plus ou moins longs et les conditions de prélèvements doivent systématiquement faire l’objet d’une analyse critique», estime Michel Liebgott. Ces résultats ne visent par ailleurs que le réseau hydrographique, qui reste soumis à des analyses ultérieures.
Analyse du crassier
L’enquête poursuit son cours à d’autres niveaux. La Dreal, en particulier, évalue actuellement l’ampleur des rejets sur le crassier et leurs conséquences précises sur l’environnement. L’heure des conclusions définitives n’a pas encore sonné.
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