Le très partiel bilan carbone du monde de l’entreprise
Le 12 septembre 2013 par Valéry Laramée de Tannenberg

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Comme chaque année, le CDP (anciennement Carbon Disclosure Project) publie une évaluation des émissions de gaz à effet de serre (GES) des 500 plus grosses entreprises mondiales. Une façon comme une autre de visualiser l’empreinte carbone de nos activités.
Pour sa 10e édition, le rapport (co-rédigé par le consultant PricewaterhouseCoopers) présente l’évaluation de 403 multinationales: 19% des entreprises concernées n’ayant pas donné suite ou pas fourni d’informations suffisamment précises pour figurer dans l’étude. Hermès, Amazon, Prada ou Apple sont les plus connus de cette bande de cancres.
Car les exigences des auteurs sont précises: les compagnies doivent fournir les chiffres des émissions directement et indirectement imputables à leurs activités: les scope 1 et 2, dans le jargon des consultants.
3,6 milliards de tonnes de GES
Première bonne surprise: même si elles restent considérables, les émissions du Big Business ont diminué. Cette année, elles devraient s’établir à 3,6 milliards de tonnes équivalent CO2 (MdtéqCO2), contre 4,2 milliards en 2009 (-14%). Cette bonne nouvelle doit toutefois être nuancée par les contre-performances affichées par les entreprises les plus importantes du panel. Globalement, les 5 premières de chacun des 10 secteurs d’activité suivis[1] ont accru de 2,3% leurs émissions depuis 2009. Selon le Programme des Nations unies pour l’environnement (Pnue), les émissions mondiales de GES ont progressé de 10% entre 2005 et 2010.
Sans surprise, ce sont les secteurs de l’énergie et des matériaux qui pèsent le plus lourd. BP, EDF, Lafarge et leurs concurrents représentent le quart des entreprises répertoriées dans le Global 500 Climate Change Report 2013, mais sont à l’origine de 87% des rejets de GES.
Des Françaises bien carboniques
Les 13 compagnies françaises répertoriées affichent un bilan respectable de 387,5 MtéqCO2, soit 82% des émissions du pays. Dans l’ordre, les plus gros émetteurs tricolores sont GDF Suez (157,9 Mt), Lafarge (106,2), EDF (80,3), Total (51,4) et Air Liquide (22,1).
Cette étude reflète-t-elle néanmoins l’empreinte carbone du monde de l’entreprise? Certainement pas. Nombre de secteurs ne sont pas audités, à l’instar du très émetteur agro-alimentaire. Ensuite, l’étude du CDP n’intègre pratiquement pas d’entreprises de pays émergents. Or leur empreinte carbone est des plus lourdes. Un seul exemple: les émissions des 4 principaux électriciens chinois atteignaient, en 2009, 1,3 MtéqCO2. Elles n’ont sûrement pas baissé depuis.
[1] énergie, finances, santé, industrie, technologies de l’information, matériaux, télécommunications, services collectifs, biens de consommation cyclique, biens de consommation courante.
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