Le réchauffement fiablement prédit depuis 50 ans
Le 05 décembre 2019 par Romain Loury
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Les climatologues avaient raison, et depuis longtemps: dans une étude publiée mercredi 4 décembre dans les Geophysical Research Letters, une équipe américaine montre que des modèles anciens, remontant pour certains jusqu’à 1970, avaient correctement prédit l’ampleur du réchauffement actuel.
C’est l’un des points d’attaque préférés des climatosceptiques: si le réchauffement n’est qu’une fable, ou s’il n’est en rien lié à l’activité humaine, c’est parce que les modèles climatiques ont tout faux. La prévision climatique serait ainsi une science peu sérieuse, reposant sur des modèles prédictifs erronés.
Or l’étude menée par Zeke Hausfather, de l’université de Californie à Berkeley, et ses collègues démontre le contraire: les chercheurs ont comparé les résultats obtenus par 14 modèles climatiques différents, ayant conduit à 17 prévisions remontant jusqu’à 1970. Parmi elles, celles utilisées lors des trois premiers rapports du Giec[i] (1990, 1995, 2001).
15 prévisions sur 17
Pour dix de ces prévisions, les chercheurs ne notent aucune différence significative avec le réchauffement actuel, d’environ +0,9°C depuis 1970. Parmi les sept autres, cinq étaient tout près du but, à une nuance près. Le modèle physique employé était correct, mais les émissions qu’ils prévoyaient dans l’avenir n’étaient pas les bonnes. En intégrant, dans ces modèles, les émissions réellement émises, les résultats concordent en tous points avec la réalité.
Exemple typique, le modèle utilisé en 1988 par James Hansen, alors directeur du Goddard Institute for Space Studies de la NASA: dans son analyse, qui a fortement contribué à mettre le réchauffement sur le devant de la scène, le chercheur avait prévu un réchauffement de 0,3°C supérieur à ce qu’il est actuellement.
Son ‘erreur’ provenait non pas de son modèle, mais d’une surestimation des émissions de méthane à venir, montre l’étude. De même, James Hansen n’avait pas tenu compte de la fin des chlorofluorocarbures (CFC), auxquels le protocole de Montréal, signé en 1987, a mis fin à la production en 1995 et à l’utilisation en 2010.
Confiance renforcée dans les modèles actuels
Selon Zeke Hausfather, «le réchauffement survenu au cours des 50 dernières années ressemble de très peu à ce que les modèles prévoyaient. Il n’est pas pire que ce que nous pensions, et les modèles n’ont pas surestimé le changement à venir. Cela renforce notre confiance dans la fiabilité des modèles climatiques modernes».
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