Le public n’est pas le moteur de l’action
Le 04 décembre 2020 par Victor Miget
Si la société civile a compris la gravité de la crise climatique, ça ne l’incite pas pour autant à changer de comportement, souligne une étude de l’Open Society European Policy Institute.
Il n’y a pas que les Etats qui peuvent lutter contre le réchauffement. Il y aussi le public ! Encore faut-il être conscient de l’urgence climatique …
demi-conscience
Un sondage réalisé auprès des citoyens de neuf pays[1], montre que le sentiment d'urgence est mal partagé. La plupart des Américains et des Européens ne nient pas la réalité du changement climatique ni le besoin de l’endiguer (de 83% aux USA à 95% en Allemagne). La grande majorité des répondants concèdent que l’activité humaine est en cause (de 79% aux États-Unis à 90% en Italie).
«Cependant, nos résultats révèlent simultanément qu'une part significative des répondants est sceptique ou ignore que les activités humaines sont la principale cause du réchauffement climatique récent et que l’impact risque d’être grave», s’inquiètent les chercheurs.
En moyenne, 35% des répondants ignorent le consensus scientifique sur le changement climatique – en Pologne, République tchèque et États-Unis ce groupe est même majoritaire.
En Espagne, 17% de ces sceptiques «doux» estiment que le changement climatique est causé par les activités humaines et des processus naturels. En France, ce chiffre atteint les 44%. Si la majorité des personnes interrogées considèrent globalement que leur vie serait perturbée par les effets du changement climatique, ces conséquences sont jugées minimes dans sept des neuf pays.
passage à l’acte
Autre enseignement: les sondés n’envisagent pas de renverser la table. Une majorité déclare avoir réduit sa consommation de plastique (62%), ses déplacements en avion (61%) et en voiture (55%). Mais ils s’avouent «réticents à soutenir des politiques avec des compromis clairs», note les rédacteurs. Les taxations sont généralement très impopulaires. L’idée d’une taxe sur les émissions carbone est rejetée à près de 80%. En revanche, la baisse du prix des transports publics recueille 75% d’avis favorables.
rands maux petits remèdes
Selon les chercheurs, le degré de connaissance des répondants «affecte leur sentiment d'urgence et leur volonté de s'engager ou soutenir l'action climatique d’un gouvernement». Pour inverser la tendance, les auteurs conseillent le cas par cas. En Allemagne et en France, «les gens sont plus favorables à une interdiction de l'agriculture à échelle industrielle», et seraient donc plus susceptible de changer leurs alimentation. Ils sont en revanche moins enclins à accepter les politiques qui les frappent au portefeuille.
[1] Allemagne, France, Italie, Espagne, Suède, Pologne, République tchèque, Royaume-Uni et Etats-Unis d'Amérique
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