Le nombre de déplacés climatiques augmente
Le 02 novembre 2017 par Stéphanie Senet
Les catastrophes climatiques ont forcé 23,5 millions de personnes à quitter leur logement l’an dernier, révèle un rapport publié ce 2 novembre par l’ONG Oxfam. Les populations des pays pauvres sont 5 fois plus exposées que les autres.
En hausse par rapport à la moyenne annuelle observée depuis 2008 (21,8 millions de personnes), ce bilan 2016 reste au-dessous de la réalité. Il ne prend pas en compte les déplacements causés par des catastrophes plus lentes, comme certaines sécheresses, la désertification ou la montée du niveau de la mer, et pâtit d’un manque de données provenant des pays les plus pauvres. Il a toutefois le mérite d’exister, grâce aux évaluations du Centre de surveillance des déplacements internes (IDMC). Avec 23,5 millions de personnes, les déplacements climatiques s’avèrent trois fois plus nombreux que ceux résultant de conflits et d’actes de violence, note Oxfam dans son premier rapport consacré aux «Déracinés par le changement climatique».
Tempêtes et inondations
L’an dernier, les tempêtes ont à elles seules conduit 12,9 millions personnes à fuir leur foyer. Aux Iles Fidji, pays organisateur de la COP 23, le cyclone Winston a touché les deux tiers de la population (540.000 personnes) et en a déplacé 55.000, selon Oxfam. Les inondations en Asie du Sud ont forcé, quant à elles, 3,6 millions de personnes à se déplacer en 2016.
2017, une année noire?
L’année 2017 ne devrait pas infléchir la courbe. La série d’ouragans qui a frappé l’Atlantique Nord (Harvey et Irma en particulier) et les pluies de moussons qui ont touché plus de 43 millions de personnes au Bangladesh, Népal et Inde, devraient encore gonfler les chiffres.
Selon l’ONG britannique, 3,2 millions de personnes vivant dans des pays pauvres ont déjà été contraintes de se déplacer au cours des 9 premiers mois de l’année, dont plus de la moitié à cause de la sécheresse.
Les pays pauvres les plus touchés
Cette synthèse montre qu’entre 2008 et 2016, les pays à faibles revenus ou à revenus intermédiaires faibles ont été 5 fois plus touchés[1] par des déplacements internes que les pays riches. Sans surprise, les femmes, les enfants, les peuples autochtones et les travailleurs migrants s’avèrent les plus fragilisés par ce phénomène.
Une reconnaissance mondiale?
L’ONG s’élève pour réclamer l’inscription de cet enjeu à l’agenda international, au sein du Dialogue de facilitation onusien ou d’un Pacte mondial des migrations, afin de minimiser les déplacements par des politiques d’atténuation et d’adaptation aux changements climatiques.
Deuxième demande: la reconnaissance de droits aux personnes déplacées, en matière d’éducation, de regroupement familial, de permis de travail et de visas humanitaires. La convention de Genève n’accorde aujourd’hui des droits qu’aux victimes de conflits armés. Toutes ces questions devraient logiquement s’inviter dans les débats de la COP 23.
[1] 0,42% de la population des pays à faibles revenus ou revenus moyens contre 0,08% dans les pays riches
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