La Seine-et-Marne veut verdir son asphalte
Le 24 août 2020 par Victor Miget
Seine-et-Marne
En partenariat avec Eiffage, la Seine-et-Marne (77) expérimente sur l’une de ses départementales, une «route verte» recyclée à la résine de pin.
Ce week-end, un drôle de chantier a été bouclé sur une portion de 2km de la RD 96 près de Villeneuve-le-Comte et Coutevroult (Seine-et-Marne). Le département s’est engagé, avec le groupe de construction Eiffage, dans un projet expérimental de régénération écologique de route. Le chantier consiste à retraiter la couche de roulement en place avec un liant végétal et sans ajout de bitume d’origine pétrochimique.
Le produit utilisé, baptisé «Recytal ARM», est breveté par Eiffage. Il s'agit d’une gamme d'enrobé à froid. Concrètement, il mélange le bitume recyclé à de l'eau et de la résine de pin des Landes. Sur le papier, ses avantages environnementaux ne manquent pas. Par rapport aux techniques d’enrobage habituelles, cette solution réduit de plus de 50 % la consommation d’énergie, de 70 % les émissions de gaz à effet de serre, et réemploi 100 % des matériaux des anciennes chaussées. Garanti sans déchets, il préserve ainsi la ressource naturelle en granulats (carrières), de la chaussée retraitée et élimine le recours au bitume en incorporant l’émulsion végétale à base de coproduits issus de la sylviculture. Des déchets provenant d’une usine de papier et qui sont généralement brûlés.
De plus, «comme nous n’avons pas besoin de nouveaux matériaux, cela réduit de facto le trafic poids-lourds», note Patrick Septiers, président UDI du conseil départemental de Seine-et-Marne. D’après Eiffage, cette technique supprime en moyenne 80 camions par kilomètre de chaussée régénérée.
Pas plus cher
Avec 4.320 km de route départementale, la Seine?et?Marne dispose du plus long réseau de la région Île?de?France. L’expérimenter dans ledit département est donc logique de l’avis de Patrick Septiers. «De fait, nous sommes un gros consommateur de matériaux qui ne sont pas toujours compatibles avec l’environnement.» Alors pourquoi se priver ? D’autant que la facture n’est pas plus lourde. «Il y a un bénéfice écologique, et en plus, le coût est le même que pour une réfection avec un enrobé classique». En l’occurrence, 320.000 euros pour un peu plus de deux kilomètres. «De plus, l’on peut s’attendre à une baisse des coûts avec une éventuelle massification du procédé», ajoute-t-il.
Encore en test
A ce jour, l’enrobé est encore en phase tests et des inconnues subsistent : sa résistance mécanique et sa durabilité entre autres. «Nous avons décidé avec Eiffage de réaliser ce test sur cette portion de 2 km pendant 3 ans. L’expérience sera évaluée par le Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (CEREMA).» En attendant, le président du département ne s’interdit rien. «Après nous envisageons déjà de mettre en œuvre la solution sur d’autres portions à moindre trafic.» Mais aucun tronçon n’a encore été identifié. Il ne se destine d’ailleurs qu’aux réfections de routes à faible trafic. «Soit en dessous de 200 poids lourds par jour», détaille Patrick Septiers.
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