Le Conseil européen accouche d’une souris énergétique
Le 23 mai 2013 par Valéry Laramée de Tannenberg

Les observateurs s’y attendaient. Ils n’ont pas été déçus. Le Conseil européen, qui s’est réuni le 22 mai à Bruxelles, n’a pas beaucoup fait avancer la décarbonisation de l’économie communautaire.
Dans un communiqué, le Conseil appelle les 27 chefs d’Etat et de gouvernement à achever «le marché intérieur de l'énergie d'ici 2014 et à développer les interconnexions de manière à mettre fin d'ici 2015 à toute situation d'isolement d'un Etat membre par rapport aux réseaux européens de gaz et d'électricité».
Certains Etats sont rappelés à l’ordre pour n’avoir pas transcrit la directive sur les énergies renouvelables et le règlement sur la sécurité de l'approvisionnement en gaz. Des coups de règle sur les doigts sont donnés à d’autres (dont la France) pour leur lenteur à agir sur la réduction de la demande d’énergie, en déployant, par exemple, des compteurs communicants d’électricité et de gaz. A cet égard, l’exécutif communautaire réexaminera (durcira?) la directive relative à l'éco-conception et celle sur l’étiquetage énergétique «avant fin 2014».
Les 27 et la Commission appellent également à investir dans de nouvelles infrastructures énergétiques intelligentes afin d'assurer un approvisionnement ininterrompu en énergie à des prix abordables. Montant annoncé du devis: 1.000 milliards d’euros d’ici 2020. Cet automne, Bruxelles devrait néanmoins publier une liste de projets prioritaires d’ouvrages d’interconnexion.
La Commission (ça n’était pas gagné) s’engage aussi à réviser la réglementation en matière d'aides d'Etat afin, notamment, d’éliminer progressivement «des subventions préjudiciables à l'environnement ou à l'économie, y compris celles accordées aux combustibles fossiles». Cela pourrait aider les pays ayant mis en œuvre des tarifs d’achat d’énergies renouvelables; un mécanisme que la Cour européenne de justice pourrait prochainement considérer comme une aide d’Etat.
Preuve que la lutte contre le changement climatique ne figure plus dans l’agenda politique: le nouvel examen du Livre vert sur les politiques climatiques et énergétique à l’horizon 2030 est repoussé à 2014. Rien ne presse, en effet.
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