La transition écologique selon Vincent Peillon
Le 03 janvier 2017 par Valéry Laramée de Tannenberg
Margot L'hermite
Noyées dans un copieux programme, les propositions environnementales de l’ancien ministre de l’éducation nationale peinent à convaincre.
C’était la matinée socialiste. Alors que Manuel Valls discourait à la Maison parisienne de la chimie, son ancien collègue de gouvernement, Vincent Peillon, présentait son programme pour les primaires citoyennes initiées par le parti socialiste.
Moins d’impôts, plus d’investissements
Plongeant ses racines dans le programme du Conseil national de la Résistance (mars 1944), le professeur de philosophie propose rapidement une «stratégie de finances publiques claire». En gros, réduire les prélèvements fiscaux des ménages et des PME (on comprend que les multinationales paieront toujours aussi peu d’impôts) tout en poursuivant «la baisse de nos déficits». Ladite «trajectoire vertueuse» devant permettre de financer moult chantiers, dont celui de la transition énergétique. Pas si clair.
Quoi que. Vincent Peillon prévoit d’éliminer «progressivement» les subventions publiques nuisibles à l’environnement. Soit quelque 7 milliards d’euros par an, environ. Est-ce à la hauteur des enjeux? Certainement pas.
L’Europe à la rescousse
Sauf que l’Europe est appelée à la rescousse. Là où le président de la Commission, Jean-Claude Juncker, a engagé un programme d’investissements de plus de 300 milliards d’euros, l’ancien ministre de l’enseignement supérieur propose d’engager 1.000 milliards pour la transition énergétique, le numérique, la recherche, l’innovation, la formation, la jeunesse. En vrac et sans précision.
Une priorité
J’exagère, bien sûr. L’ancien fan de Ségolène Royal, autre apôtre de la transition énergétique, a quelques idées sur la question: «Je ferai de la transition écologique une priorité de mon quinquennat, et je m’engagerai pleinement afin d’accélérer cette transition, car il nous faut agir sans tarder.» Certes, mais encore?
Et bien, Vincent Peillon fera «entendre la voix de la France pour que toutes les politiques européennes prennent en compte l’impératif climatique». Cachottier, le spécialiste du socialisme pré-marxiste nous assure qu’élu, il prendra des initiatives avec l’Allemagne, sans nous dire lesquelles.
A moins qu’il ne s’agisse de la reconstruction d’un marché européen de l’électricité, toujours pas achevé d’ailleurs? Ou de la mise en place d’une taxe carbone européenne? Autres vœux pieux.
Marchant dans les traces de François Hollande, l’ancien député européen veut, lui aussi, donner la priorité à la rénovation thermique des bâtiments. D’où viennent les sous? Mystère. A moins que le partenariat annoncé avec les collectivités locales n’annonce une transmission de la patate chaude.
En vrac
Avec un argent possiblement sorti des caisses européennes, l’auteur des Milliards noirs du blanchiment propose de renforcer l’effort de recherche, notamment sur les énergies renouvelables, le stockage de l’énergie et le captage-stockage géologique de CO2 (CSC), la biodiversité, le véhicule propre et «sur les usages du numérique favorables à la réduction de notre impact environnemental». Là encore, en vrac et sans précisions.
Vincent Peillon n’oublie pas qu’il a été ministre de l’Education nationale. C’est donc tout naturellement qu’il entend accélérer la transition écologique en engageant «un grand plan de formation initiale et continue dans les métiers de la transition écologique».
La transition, soyons-en sûr, concernera aussi les agriculteurs. Car l’ancien député de la Somme veut «dépasser les 20% de bio dans les cantines», consolider la lutte contre le gaspillage alimentaire (qui commence à la production) et développer les circuits courts.
Ravageur des OGM, des perturbateurs endocriniens et des pesticides, Vincent Peillon veut bouter hors des champs français ces végétaux et molécules nuisibles. Comme sous les deux dernières présidences, la méthanisation sera, en revanche, encouragée. Ainsi que les techniques agricoles permettant de stocker le carbone dans le sol.
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