La publicité pour des voitures «propres» ou «écolo» sanctionnée
Le 24 septembre 2013 par Marine Jobert
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Une association a décortiqué les allégations «vertes» des véhicules électriques de différents constructeurs et les a dénoncées à l’organe de régulation de la publicité. Tous les constructeurs ont été sommés de se conformer aux engagements déontologiques internes à la profession.
La «voiture propre et écologique» ne devrait plus trôner pendant quelque temps sur les abribus. Cet oxymore publicitaire a été dénoncé par l’observatoire du nucléaire –une association anti-nucléaire- qui a déposé plainte en juin dernier devant le jury de déontologie publicitaire (JDP). Dans sa ligne de mire: la Renault Zoé et la Citroën C Zéro, que les visuels qualifiaient notamment d’«écologiques», mais aussi l’Opel Ampera et la Bollore Blue Car, désignées comme des «véhicules propres». L’association estimait que l’emploi de ces termes pour qualifier le véhicule «relève de la plus totale désinformation. En effet, tout véhicule a un impact sur l’environnement, qu’il s’agisse des matières premières et de l’énergie nécessaires à la construction, des équipements utilisés (pneus, batteries…), de la motorisation ou encore de l’électricité nécessaire à son fonctionnement, et qui est majoritairement produite par des centrales nucléaires».
Incidences sur l’environnement
Le jury de déontologie publicitaire lui a donné raison, considérant que les allégations des constructeurs sont « de nature à induire en erreur le public quant aux propriétés du produit vendu, dans la mesure où la production et l’utilisation d’un tel véhicule ont nécessairement une incidence négative sur l’environnement, quand bien même serait-elle plus limitée que celle de véhicules conventionnels». Autre grief: le fait qu’une publicité ne peut se borner à qualifier le produit dont elle fait la promotion d’écologique «dès lors qu’elle n’est pas en mesure de justifier une telle formulation globale».
Les constructeurs rentrent dans le rang
Les deux premiers constructeurs ont immédiatement fait amende honorable. Renault a indiqué que «la mention du caractère écologique du véhicule électrique Zoé sans aucune relativisation est, en effet, contraire aux engagements qu’elle a pris dans le cadre de l’Union des annonceurs (UDA) en signant la Charte pour une communication responsable». Citroën a fait valoir que la publicité litigieuse «figurait sur une ‘page cachée’ inaccessible à partir de son site Internet et uniquement visible à l’occasion d’une recherche, à partir du mot ‘écologique’, sur un moteur de recherche comme Google, ce qui explique qu’elle ait échappé à la vigilance de la direction compétente».
General Motors France a expliqué que la publicité en cause est une traduction de l’anglais «à la fois inexacte et maladroite», qui a été corrigée «afin d’indiquer que, parmi les sources d’énergie électrique utilisées, figurent des énergies non polluantes et renouvelables». Bolloré manie le mea culpa avec moins de franchise, défendant son choix sémantique. L’annonceur a entendu, par l’usage du terme ‘propre’, «mettre en avant l’absence d’émission de CO2 à la différence des véhicules conventionnels. En outre, les entreprises qui choisissent d’utiliser les véhicules Blue car ont la possibilité de les recharger par panneaux photovoltaïques, de sorte que l’énergie utilisée est alors 100% propre. Enfin, les véhicules que produit la société sont à 85% recyclables en fin de vie», a indiqué Bolloré au jury de déontologie publicitaire.
Les décisions du JDP ne sont assorties d’aucune sanction financière.
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