La Chine annonce de nouvelles mesures anti-pollution
Le 06 mars 2017 par Valéry Laramée de Tannenberg
DT
Le Premier ministre a annoncé de nouvelles mesures pour réduire la pollution atmosphérique. Il n’est pas certain qu’elles soient efficaces.
Les cieux étaient avec le Premier ministre chinois, dimanche 5 mars. Par un heureux hasard, Li Keqiang a ouvert la traditionnelle session de l’assemblée nationale chinoise sous un ciel bleu, des conditions climatiques de plus en plus appréciées par les Pékinois.
Selon les dernières statistiques du ministère de l’environnement, l’air n’a été sain que 57% de l’année en 2016. Mais très pollué durant 9% de l’année passée: un taux 4 fois supérieur à la moyenne nationale.
Jusqu’à la victoire finale
Qu’importe: le numéro deux du régime a promis de durcir la lutte contre les pollutions «jusqu’à la victoire finale». Pour ce faire, cet économiste de 61 ans prévoit de renforcer la législation en vigueur et d’en durcir l’application.
Ce proche de l’ancien président Hu Jintao a par ailleurs annoncé que le chauffage au charbon de 3 millions de ménages sera remplacé par des chaudières au gaz naturel.
Assurant 62% de la production d’énergie nationale[1] (mais 73% de la production d’électricité), le charbon est le principal fauteur de pollutions atmosphériques dans l’empire du Milieu, premier producteur mondial.
Production en baisse
Pour limiter la surchauffe économique, la chute des cours du charbon, Pékin restructure son secteur minier et continue de déployer des centrales thermiques à très haut rendement (technologie ultra-super-critique). Résultat: la production nationale ne cesse de diminuer, passant de 4 à 3,4 milliards de tonnes par an, entre 2013 et 2016.
Li Keqiang a promis de stabiliser sa consommation à 5 Mdt/an en 2020. Ce qui impose d’améliorer de 15% l’efficacité de l’industrie chinoise entre 2016 et 2020. D’ores et déjà, la China National Coal Association annonce vouloir réduire de 50 Mt la production pour cette année.
Moins d’acier
Pour accompagner cette transformation, le Premier ministre a également promis une réduction de la production d’acier, la fermeture d’usines ne respectant pas les normes d’émission et le déploiement accéléré de véhicules propres. Pékin tablant déjà sur un quintuplement du nombre de véhicules électriques entre 2016 et 2020[2].
Tout cela devant contribuer, a indiqué le chef du gouvernement chinois, à réduire de 3% cette année les émissions de dioxyde de soufre et d’oxydes d’azote. Sans oublier les particules fines, a-t-il précisé.
Développement des infrastructures
Cela sera-t-il suffisant? Plusieurs éléments permettent d’en douter. En proie à un fort ralentissement économique (le PNB devrait tout juste croître de 7% cette année), la Chine engage, parallèlement à son programme de dépollution, un imposant plan de développement des infrastructures.
L’administration de l’aviation civile vient ainsi d’annoncer la construction ou l’agrandissement de 74 aéroports dans les trois prochaines années. Logique: les compagnies aériennes chinoises devant transporter 720 millions de passagers en 2020, contre 436 millions en 2015.
Acier en hausse
La sidérurgie (20% des émissions de CO2 nationales) devra réduire ses capacités, a rappelé le Premier ministre. Comme dans le reste du monde, la sidérurgie chinoise est en surcapacité. Aussi n’est-il pas étonnant, comme l’a montré un récent rapport de Greenpeace, que les usines productrices d’acier ne s’arrêtent pas vraiment, comme prévu par le Plan, mais tournent au ralenti. Ce qui explique que la production d’acier chinois a progressé de 1,2%, l’an passé, alors qu’elle aurait dû diminuer, rappelle l’ONG China Dialogue.
Quant aux émissions de particules en zones urbaines, ce n’est pas non plus gagné. En 2015, indique le quotidien Globatimes, la qualité de l’air urbain était conforme aux normes sanitaires dans une ville sur 5. L’un des objectifs du 13e plan quinquennal (2016-2020) est que l’air soit respirable dans les villes 8 jours sur 10. Impossible à tenir sans une révolution énergétique et industrielle, estime He Kebin, professeur au département des sciences de l’environnement et de l’ingénierie à l’université Tsingua de Pékin.
Dossier
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