L’IRSN sensibilise les Limousins au radon
Le 18 décembre 2015 par Valéry Laramée de Tannenberg

IRSN
Depuis jeudi, les habitants de deux communautés de communes de Haute-Vienne peuvent retirer un kit de mesure de radon. Une initiative lancée par l’IRSN, dans le cadre du troisième plan national Santé Environnement.
Voilà une trentaine d’années que les pouvoirs publics se préoccupent, doucement mais sûrement, du risque radon. Issu de la désintégration de l’uranium, ce gaz est naturellement présent dans les régions à sol granitique (Bretagne, Limousin) et dans toutes les eaux de surface et souterraines. Volatil, ce gaz radioactif se dilue très rapidement dans l’atmosphère.
Un cancer du poumon sur 10
Sauf quand il est piégé dans des cavités ou des habitations. A forte concentration, sur de longues périodes, le radon est une source significative d’exposition de la population aux rayonnements ionisants. Il serait ainsi responsable de 10% des cancers du poumon, en France[1]. D’où l’importance de sensibiliser au risque radon les populations installées dans des zones uranifères.
Depuis quelques années, la ville de Nantes mène des campagnes d’information. Les services de la mairie distribuent des dosimètres dans les établissements recevant du public (ERP) et chez des particuliers volontaires. But de l’opération: repérer les écoles, les crèches et les logements dont l’air intérieur est chargé de radon, afin d’entreprendre les actions correctives qui s’imposent.
Ces campagnes doivent être réalisées dans la durée (quelques semaines), les émanations de radon fluctuant selon la météo et la saison. De plus, en se calfeutrant pendant les périodes froides, habitants et exploitants réduisent la ventilation naturelle de leurs locaux, accroissant du même coup la concentration du gaz dans l’air intérieur.
Boîte d’allumettes
L’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) a repris à son compte l’expérience nantaise. Depuis jeudi 17 décembre, un millier de dosimètres ont été mis à la disposition des habitants des communautés de communes des Monts d'Ambazac et Val du Taurion et de l’Aurence (Haute-Vienne). Faciles à utiliser, ces dispositifs dont la taille ne dépasse pas celle d’une boîte d’allumettes «doivent être disposés trois semaines durant dans une pièce à vivre», conseille Jérôme Joly. Ensuite, les films doivent être expédiés à un laboratoire qui évaluera la concentration de radon. Chaque expéditeur recevra, quelques semaines plus tard, les résultats par pli confidentiel.
Au printemps, les experts de l’IRSN viendront rendre compte des résultats de cette campagne de mesure. Mais ils ne viendront pas seuls. «L’originalité de notre démarche vient du fait que nous nous sommes associés au lycée des métiers du bâtiment de Felletin. Avec ces professionnels, nous viendrons expliquer aux personnes intéressées toutes les actions de remédiation possibles pour réduire le risque, du renforcement de la ventilation à des travaux plus lourds, comme le renforcement de l’étanchéité entre le sol et le bâtiment», explique le directeur général adjoint de l’IRSN, chargé de la radioprotection. Le radon: un autre prétexte pour rénover les bâtiments.
[1] Une trentaine de départements sont réputés à risque: Allier, Hautes-Alpes, Ardèche, Ariège, Aveyron, Calvados, Cantal, Corrèze, Corse, Côtes-d'Armor, Creuse, Doubs, Finistère, Indre, Loire, Haute-Loire, Lozère, Haute-Marne, Morbihan, Nièvre, Puy-de-Dôme, Hautes-Pyrénées, Rhône, Haute-Saône, Saône-et-Loire, Savoie, Deux-Sèvres, Haute-Vienne, Vosges et Territoire de Belfort.
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