L’Europe ne veut pas protéger l’éléphant d’Afrique
Le 09 juillet 2019
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La désunion européenne risque de favoriser braconnage et commerce de l’ivoire.
C’est à n’y rien comprendre. Depuis plusieurs années, l’Union européenne est l’un des rares espaces politiques à vouloir renforcer la protection de l’éléphant d’Afrique. Plusieurs pays, dont la France, le Royaume-Uni ou le Luxembourg ont même fermé leur marché intérieur à tout produit issu des défenses du pachyderme. Et pourtant. La désunion européenne a repris le dessus. Le 5 juillet dernier, les 28 ministres de l’environnement n’ont pas réussi à s’accorder sur une position commune. Ce désaccord pourrait avoir de fâcheuses conséquences.
un classement unique
Du 17 au 28 août prochains, Genève accueillera la COP 18 de la Cites. C’est au cours de cette conférence annuelle de la régulation mondiale du commerce des espèces sauvages que 29 pays d’Afrique demanderont officiellement le classement de «leur» éléphant en annexe 1 de la convention de Washington. Ce qui interdirait le commerce de tous produits issus du plus grand mammifère terrestre.
Celui-ci est d’ailleurs dans une position bien inconfortable. Les individus vivant dans les pays du sud du continent (Afrique du Sud, Namibie, Botswana) sont curieusement classés en annexe 2 (le commerce est possible sous certaines conditions), tandis que leurs cousins vivant plus au nord (Tchad, Gabon, RCA) sont listés à l’annexe 1, plus protectrice.
trafic et terrorisme
«Le problème est que ce sont ces derniers qui sont les plus chassés par les braconniers, lesquels alimentent souvent des réseaux terroristes», souligne l’ambassadeur français à l’environnement, Yann Wehrling. En toute logique, la France, comme le Luxembourg, milite pour un classement des tous les éléphants d’Afrique en annexe 1.
Hélas, sur ce dossier pétri de symboles, Paris et Luxembourg ont été mis en minorité lors du dernier conseil des ministres de l’environnement de l’UE, le 5 juillet dernier. En conséquence, les 28 voteront contre la résolution protectrice de l’éléphant; un texte pourtant porté par une trentaine de capitales africaines.
20 à 30.000 éléphants tués chaque année
Pour être adoptée, la motion doit être votée par les deux tiers des 183 parties à la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction, aussi appelé Convention de Washington (ou Cites). Avec le refus des 28 européens et des alliés des pays consommateurs, le texte devrait être rejeté, comme il l’avait déjà été lors de la précédente COP de la Cites, il y a trois ans.
Selon le WWF, on compte aujourd’hui un peu plus de 400.000 pachydermes en Afrique, contre 3 à 5 millions au début du 20ème siècle. De 20 à 30.000 sont abattus, chaque année, pour leur ivoire.
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