L’Enel: la décarbonation à marche forcée
Le 25 novembre 2020 par Valéry Laramée de Tannenberg
Enel
L'énergéticien italien va diviser par 6 son facteur carbone.
Il fut un temps, pas si lointain, où l’Enel était l’un des électriciens les plus carbonés d’Europe occidentale. Gros consommateur de charbon, de pétrole, voire d’orimulsion, le pendant italien d’EDF émettait, en 2005, 531 grammes de CO2 par kWh injecté sur les réseaux: cinq fois plus que son concurrent français ! Cette époque est révolue.
Depuis quelques années, l’énergéticien transalpin ne cesse de se transformer: toujours moins de centrales thermiques, toujours plus d’énergies renouvelables. Une stratégie autant motivée par les perspectives offertes par les nouveaux marchés de l’énergie que par l’amicale pression d’investisseurs souhaitant décarboner leur portefeuille.
production et services
Lundi 24 novembre, le groupe dirigé par Francesco Starace est passé à la vitesse supérieure. Dans les 10 prochaines années, l’Enel va consacrer 160 milliards d’euros dans sa décarbonation et les activités connexes. Le moment est d'ailleurs bien choisi. Avec la disparition des tarifs régulés de vente d'électricité en Italie, annoncé pour 2022, l'électricien anticipe une forte progression annuelle de son chiffre d'affaires et de ses résultats.
Environ 70 milliards seront investis dans l’éolien et le solaire. Objectif: porter la puissance installée du parc renouvelable de 45 à 120 GW, en 10 ans. Un montant équivalent sera dédié aux infrastructures et aux réseaux : compteurs communicants, bus électriques, batteries de stockage, bornes de recharge de véhicules électriques.
L’Enel projette aussi d’investir 5 milliards dans des systèmes hybrides, conjuguant production renouvelable et batteries. Ces centrales à stockage intégré devront produire 20 TWh/an à l’horizon de 2030.
hydrogène vert
Autre couple possible : renouvelable et électrolyseurs pour produire de l’hydrogène. L’Enel prévoit de mettre en service une puissance de 2 GW d’électrolyse décarbonée d’ici à 2030. En complément, la compagnie transalpine va hâter sa sortie du charbon. Sa dernière centrale thermique à la houille devrait être mise à l’arrêt en 2027: trois ans plus tôt que prévu.
En 2030, l’Enel prévoit d’afficher un facteur carbone de 82 grammes de CO2/kWh produit: 6,5 fois moins qu’en 2005. Entre 2017 et 2030, l’électricien ambitionne de réduire ses émissions de 70% (Scope 1). Un objectif certifié par la Science Based Target Initiative (SBTI).
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