L’effondrement des rendements de la pêche industrielle
Le 02 août 2018 par Stéphanie Senet
Les navires de pêche industriels parcourent deux fois plus de milles pour capturer trois fois moins de prises qu’en 1950, selon une étude publiée le 1er août dans la revue Science Advances.
Pour rejoindre leurs zones de pêche, les navires chinois, espagnols, sud-coréens et taïwanais parcourent désormais 4.000 kilomètres en moyenne. Soit deux fois plus que la distance observée en 1950, selon les chercheurs des universités de Colombie-Britannique et d’Australie occidentale, qui se sont basés sur les données du groupe de recherche international Sea around us, spécialiste des impacts de la pêche sur les écosystèmes marins.
Des vagues de subventions
Ces flottes largement subventionnées sont responsables de l’extension des zones de pêche, qui s’étendent aujourd’hui sur 90% de la surface des océans: 30% de plus qu’en 1950. «Alors que la plupart des pays ont concentré leurs efforts de pêche sur les eaux territoriales, la Chine, la Corée du Sud, l’Espagne et Taïwan injectent beaucoup de subventions dans les équipements et les carburants pour encourager ces flottes à opérer à des milliers de kilomètres de leur port d’attache», observe David Tickler, l’auteur principal de cette étude, de l’Université d’Australie occidentale. Un mouvement surtout à l’œuvre dans les eaux d’Asie du Sud-Est, d’Afrique et d’Amérique du Sud.
Plongée du taux de capture
Un choix d’autant moins opportun que le rendement de ces flottes a plongé. Le taux de capture des navires des 20 principaux pays pêcheurs (qui représentent 80% des captures industrielles mondiales) a été quasiment divisé par 4 en 65 ans. Il a en effet décliné de 25 tonnes pour 1.000 km parcourus en 1950 à 7 t seulement en 2014. Chaque poisson capturé coûte donc davantage de carburant, de temps passé en mer, et d’émissions de CO2.
Du temps et de l’espace retrouvés
«La décroissance des rendements de l’effort de pêche révèle, de façon inquiétante, l’incapacité des pêcheries à répondre durablement aux demandes des consommateurs», relève David Tickler. Pour sa collègue Jessica Meeuwing, de l’Université de Colombie-Britannique, la solution s’impose: «Nous devons accepter de laisser aux océans de l’espace et du temps pour qu’ils se remettent de plus d’un siècle de pêche industrielle sans limites».
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