L’économie plus fragile face au réchauffement
Le 10 juin 2016 par Romain Loury
zeean.net
L’économie mondiale devient de plus en plus vulnérable au réchauffement climatique, révèle une étude publiée dans Science Advances. La faute à la mondialisation des échanges, qui répercute rapidement les pertes de productivité d’un pays sur les autres.
En soi, le phénomène n’a rien d’étonnant, du moins pour ce qui est des grands chocs de production. Exemple: aux Philippines en novembre 2013, le typhon Haiyan a détruit la moitié de la production mondiale d’huile de noix de coco, l’une des graisses alimentaires les plus utilisées au monde. Ou encore les inondations du Queensland, en Australie en 2011, qui ont stoppé pendant plusieurs semaines la production du quatrième site mondial d’extraction de charbon.
Or le phénomène s’étend désormais aux effets plus subtils du réchauffement, à savoir la perte de productivité des travailleurs exposés à de trop fortes températures. Elle est loin d’être négligeable: au-dessus de 27°C, on estime que tout degré supplémentaire abaisse la production de 4,2% pour les mines, de 0,8% dans l’agriculture et de 0,6% pour la construction.
Un tournant en 2001
Leonie Wenz et Anders Levermann, de l’Institut de recherche de Potsdam sur les effets du changement climatique, ont estimé, sur la période 1991-2011, la propagation au niveau mondial de ces pertes de productivité sur le commerce mondiale, en intégrant des données de population, de température et d’échanges commerciaux. Selon leurs modélisations, le système ne présente pas de grand changement sur la période 1991-2001, mais devient par la suite de plus en plus sensible.
Selon les chercheurs, les pertes mondiales pourraient désormais s’élever à 60 milliards de dollars par an, contre 10 milliards de dollars en 2001. Cet effet n’est pas lié à la hausse des températures, qui n’a pas suivi une tendance aussi forte en 15 ans, mais plutôt au resserrement des liens commerciaux entre pays industrialisés et en développement. Selon les chercheurs, les pertes pourraient même s’élever d’un ordre de grandeur d’ici 2100, du moins sans atténuation des émissions et si la mondialisation poursuit sa lancée.
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