L’AOC du Languedoc se tourne vers une viticulture raisonnée
Le 09 octobre 2017 par Stéphanie Senet

L’AOC a présenté, le 6 octobre, sa stratégie pour introduire dans les trois ans des clauses agro-environnementales dans son cahier des charges. Au programme: interdiction du désherbage chimique entre les rangs et réduction des produits phytosanitaires.
«Il nous faut tous changer nos pratiques culturales. Nous n’avons plus le choix si nous voulons assurer la pérennité de notre vignoble, contribuer à la valorisation économique de notre appellation et consolider la confiance du grand public à l’égard de nos vins», a lancé Jean-Benoît Cavalier, président du syndicat de l’AOC Languedoc lors d’une conférence de presse.
Une première pour une grande AOC
L’AOC du Languedoc, qui regroupe 6.000 vignerons dans 4 départements (Gard, Hérault, Aude et Pyrénées-Orientales), s’engage à modifier ses pratiques en réformant son cahier des charges dans les trois ans. Une première dans l’Hexagone pour une AOC de cette taille.
Deux étapes
«La première étape consiste à faire un état des lieux des pratiques vertueuses, notamment celles des agriculteurs bio qui sont adaptables à toutes les exploitations. Ensuite, nous accompagnerons les vignerons dans leur transformation, des plus convaincus aux plus récalcitrants», explique au JDLE Bruno Loquet, nouveau chargé de projet Développement et Agro-environnement au syndicat AOC du Languedoc.
Interdiction partielle du désherbage et enherbement
«Le comité vin de l’Institut national de l’origine et de la qualité (Inao) a d’ores et déjà validé 8 mesures dont la procédure d’intégration dans le cahier des charges sera simplifiée», indique Catherine Richer, déléguée territoriale Occitanie de l’Inao. Parmi elles, l’enherbement obligatoire du contour des parcelles et des vignes. Deuxième piste: l’interdiction du désherbage chimique entre les rangs, «qui représente environ 60% des surfaces des vignes», selon Bruno Loquet. Si le désherbage reste possible sous les pieds de vignes, rien n’empêchera un viticulteur d’y mettre fin aussi.
Réduction des phytosanitaires
Autres clauses en réflexion: l’amélioration de l’efficacité du matériel de pulvérisation, la réduction (non chiffrée) des quantités de produits phytosanitaires, la limitation (non chiffrée) des apports d’azote de synthèse, ainsi que la préservation des murets, bosquets et terrasses et le respect de la séquence morphologique originelle des sols.
Trois financements
L’opération, dont le coût s’élève à environ 300.000 euros pendant trois ans, est financée à 45% par le Feader[1] via l’appel d’offres emporté par le syndicat[2], à 30% par l’Agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse (RMC) et à 25% par l’AOC. En 2017, 80% de la surface totale de l’aire de captage est entretenue sans herbicide contre 3% en 2000. «C’est bien la preuve qu’introduire des clauses environnementales dans le cahier des charges de l’AOC est possible», conclut Michel Wack, gérant de la Bergerie de Fenouillet à Vacquières.
[1] Fonds européen agricole pour le développement rural
[2] Le dossier a été instruit par la région Occitanie
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