L’Amazone subit déjà le changement climatique
Le 21 janvier 2013 par Valéry Laramée de Tannenberg
NASA
C’est un réel choc pour les spécialistes et les amoureux de l’Amazonie.
La semaine dernière, la Nasa a rendu publics les résultats d’une étude sur les conséquences des sécheresses subies, en 2005 et 2010, par la plus grande forêt du monde. Conclusion: contrairement à ce qui était attendu, l’Amazonie se remet très mal de ces épisodes de sécheresse.
Avec son satellite QuikScat, l’agence spatiale américaine a réalisé une cartographie radar de l’Amazonie durant la première décennie du siècle. Embarquant un radar à micro-ondes, QuikScat est capable de mesurer, sans se soucier des nuages, les taux d’humidité dans la canopée de la forêt. Ces données inédites ont été couplées à des mesures in situ de la pluviométrie.
Première conclusion, plus de 1,7 million de kilomètres carrés de forêts (notamment au sud et à l’ouest du bassin) ont grandement souffert de la très sévère sécheresse de 2005. Ce qui est largement supérieur aux premières estimations. Nombre de très grands arbres n’ont pas survécu et sont tombés. Ce qui a accru les effets du soleil et de la sécheresse sur les végétaux des basses couches de la forêt, sur une superficie d’environ 350.000 km2. La diminution des taux d’humidité et l’accroissement de bois mort ont accru les risques d’incendie.
Bref, ces massifs étaient déjà en piètre état écologique (bien pire qu’espéré par les spécialistes) quand ils ont été frappés par la seconde méga-sécheresse de 2010, laquelle s’est fait sentir sur la moitié du bassin du fleuve, dont 600.000 km2 qui avaient déjà subi le cataclysme de 2005.
A cette double peine, jamais observée au XXe siècle, s’ajoute la survenue de petits épisodes de sécheresse qui n’ont rien arrangé. «Notre plus grande surprise, explique Yadvinder Malhy (université d’Oxford), l’un des signataires de l’article publié par les Annales de l’académie américaine des sciences (PNAS), est la persistance des effets de la sécheresse pendant de nombreuses années.»
Les auteurs de l’étude, coordonnée par Sassan Saatchi (JPL, Nasa) attribuent l’épisode de 2005 à une augmentation de la température moyenne des eaux de surface de l’Atlantique. Ce phénomène est aussi à l’origine de la formation des super-ouragans Katrina et Rita, qui ont dévasté la Nouvelle-Orléans, la même année.
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