L’Ademe investit dans l’éolien marin allemand
Le 12 septembre 2016 par Valéry Laramée de Tannenberg

Alstom
Moyennant un coup de pouce financier, l’agence a aidé Alstom à exporter sa turbine de 6 MW en Allemagne.
C’est une première pour l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe). La semaine passée, l’agence présidée par Bruno Léchevin a mis au pot pour financer une ferme éolienne marine, qui sera mise à l’eau en mer du Nord allemande. Au total, l’Epic[1] prendra 6,25% du capital du projet Merkur: une ferme de 396 mégawatts. Le montant du chèque de l’Ademe est estimé à une trentaine de millions d’euros, prélevés sur la cagnotte du second programme d’investissement d’avenir (PIA2), gérés en partie par l’agence.
Passer du prototype au marché
Pour Benjamin Stremsdoerfer, cet investissement est légitime. «Les investisseurs institutionnels, comme les assureurs ou les fonds de pension n’aiment pas financer des projets dont le risque technologique leur apparait trop élevé. Or, les utilities, dont c’était un peu le métier, sont sortis laminés de la crise européenne. La mise sur le marché des innovations devient donc particulièrement difficile», constate le directeur adjoint des investissements d’avenir à l’Ademe.
Soutenir l’Haliade 150
Ce problème s’est très clairement posé en 2013 pour Alstom Energy. A l’époque, la filiale du consortium français cherche à placer à l’export sa dernière machine, l’Haliade 150. Sélectionnée par EDF pour ses futurs trois parcs marins français, la turbine de 6 MW n’a jamais encore brassé de vent. Pour les développeurs, de fait, elle n’existe pas. Ce qui rend méfiants les investisseurs. Seule solution: que le fournisseur prenne une participation dans le projet pour montrer sa confiance dans son produit. Alstom Energy (revendue depuis à General Electric, GE) a donc pris 6,25% des parts. Tout comme l’Ademe. Ces deux investissements ont levé tous les doutes. Les autres actionnaires[2] ont apporté environ 440 M€. Un pool bancaire[3] a signé pour une ligne de crédit de 1,1 Md€.
Actionnaire de Merkur
L’usine de Saint-Nazaire de GE va donc pouvoir assembler les 66 machines destinées au parc Merkur. Parc qui devrait entrer en service au printemps 2019. Juste à temps pour se mettre à l’assemblage des 240 machines qui doivent équiper les parcs offshore de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), Courseulles-sur-Mer (Calvados) et Fécamp (Seine-Maritime).
A la question de savoir si l’agence restera longtemps actionnaire de la ferme allemande, la réponse est clairement non. «Notre apport a permis de sécuriser le financement. Mais nous n’avons pas vocation à rester. Il faut, en revanche, que nous sortions aux meilleures conditions pour le contribuable», précise Benjamin Stremsdoerfer.
Nouveau, ce mode d’intervention devrait être de nouveau mis en œuvre par l’Ademe prochainement. «Nous avons identifié d’autres technologies d’avenir qui peinent à passer du stade prototypal à la mise sur le marché. Il est donc probable que nous nous servions des fonds PIA2 pour les soutenir», confie Benjamin Stremsdoerfer.
Auparavant, le gouvernement devra avoir précisé l’usage qu’il compte faire des 10 milliards du PIA3.
[1] Epic: Etablissement public à caractère industriel et commercial
[2] Partners Group, InfraRed, Capital Partners, DEME Concessions Wind
[3] Composé de ABN Amro, Deutsche Bank, KfW IPEX, Natixis, Rabobank, SEB, SMBC et Société Générale
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